Actualité de la semaine du 15 mars

Chaque semaine, Touki Montréal passe en revue l’actualité africaine. Cette fois-ci : Madagascar se fait rappeler à l’ordre, la question du commerce d’ivoire en Tanzanie et en Zambie, un important accord minier en Guinée, et le Sénégal pleure un de ses grands cinéastes.

Politique :

L’Union Africaine sanctionne Madagascar

Un an, jour pour jour après la prise du pouvoir par Andry Rajoelina, l’Union Africaine (UA) a voté des sanctions contre 109 personnalités malgaches proches de l’homme fort du pays. Ces mesures incluent des refus de visas pour voyager à l’extérieur du pays, le gel des comptes bancaires à l’étranger et des refus d’accréditation auprès d’organisations internationales.

manifestation contre Andry Rajoelina

« Tant que je peux encore voyager à l’intérieur du pays et communiquer avec les Malgaches, les sanctions peuvent venir », a rétorqué Andry Rajoelina. Le 17 mars 2009, alors qu’il est maire de la capitale, Rajoelina avait renversé avec l’aide de l’armée, le président en exercice, Marc Ravalomanana. La communauté internationale avait alors condamné ce coup d’État et encouragé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Mais au mois de novembre 2009, Rajoelina a mis un terme au processus de sortie de crise en nommant unilatéralement un premier ministre. Après avoir posé un ultimatum, l’UA sanctionne donc aujourd’hui le gouvernement pour sa non coopération. Dès l’annonce des sanctions, des heurts ont éclaté dans la capitale entre manifestants et forces de l’ordre.

Le gouvernement malgache prévoit la tenue d’élections législatives au mois de mai prochain.

Sources : L’Express de Madagascar, Le Monde, Radio Canada

Pour aller plus loin : Comment fonctionne l’Union Africaine sur le site de L’express.fr

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Environnement :

Vente d’ivoire : la Zambie autorisée, pas la Tanzanie

La Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées (CITES) a rejeté le 18 mars dernier la requête de la Tanzanie qui souhaitait écouler 90 tonnes d’ivoires lors d’une vente exceptionnelle. Elle a en revanche accepté celle de la Zambie qui avait demandé la mise en marché de 21,6 tonnes d’ivoire.

Réunie à Doha, au Qatar jusqu’au 25 mars prochain, la CITES a justifié ses décisions en arguant qu’en Tanzanie, « Les efforts de lutte contre le braconnage dans certaines régions du pays semblent inadéquats… », alors qu’en Zambie, des « contrôles appropriés et efficaces sont en place ».

Éléphant de Zambie

L’éléphant africain est considéré comme une espèce en voie d’extinction par la CITES, ce qui implique que tout commerce le concernant est interdit ,sauf dans quatre pays d’Afrique Australe : Afrique du Sud, Zimbabwe, Botswana et Namibie. La Tanzanie et la Zambie avaient appuyé leurs demandes en invoquant l’augmentation importante du nombre de pachydermes dans leurs pays respectifs.

La sentence de la CITES vis-à-vis de la Tanzanie a soulagé le Kenya dont les éléphants traversent librement la frontière entre les deux pays. Selon Nairobi, en 2007, alors que la CITES avait autorisé une vente exceptionnelle d’ivoire par quatre pays africain, le braconnage avait été multiplié par sept.

Sources : Agence France Presse, Daily News (Tanzanie), Saturday Nation (Kenya), La Presse Canadienne.

Pour aller plus loin : Les Éléphants d’Afrique du sud sauvés par le ballon rond dans le Courrier international.

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Économie :

Guinée : Chinalco se joint à Rio Tinto

Le géant minier anglo-australien Rio Tinto vient de signer une entente avec son concurrent chinois Chinalco pour le développement d’un projet d’exploitation de l’une des plus grandes réserves de fer au monde en Guinée, sur le mont Simandou.

Cette collaboration marque un virage majeur dans la relation des deux groupes puisque l’an dernier Rio Tinto avait rompu leur accord de rapprochement de 19,5 milliards de dollars américains. Selon les analystes, Rio Tinto veut profiter de l’expérience de Chinalco dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour faire avancer l’exploitation du gisement Simandou, qui renfermerait 2,5 milliards de tonnes de minerai de fer.

Le mont Simandou en Guinée

Selon Rio Tinto, le projet qui comprend la construction d’un pont, d’une voie de chemins de fer et d’une mine offrira un emploi à des milliers de guinéens. Mais ce partenariat est loin de faire l’unanimité en Guinée. La population se méfie des multinationales qui par le passé ont plutôt démontré qu’elles se préoccupaient plus des relations avec le gouvernement que du développement régional.

À l’automne dernier, l’opposition guinéenne avait ouvertement condamné la signature d’un contrat minier entre le pouvoir en place et une entreprise privée chinoise, intervenue quelques semaines après la répression sanglante d’une manifestation le 28 septembre à Conakry, qui a fait plus de 150 morts selon les Nations Unies.

Sources : Radio Kankan (Guinée), Reuters, BBC news, China Daily

Pour aller plus loin : Un article qui décortique l’investissement chinois en Afrique dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.

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Culture :

Sénégal, dernier hommage à Mahama Johnson Traoré

Une foule nombreuse s’est rassemblée la semaine dernière à Dakar pour rendre un dernier hommage au cinéaste co-fondateur du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadoudou (FESPACO). Mort à Paris le 8 mars dernier à l’âge de 68 ans, Mahama Johnson Traoré était considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs sénégalais.

Mahama Johnson Traoré - photo : Antoine Doyen

Peu soulignée en dehors du continent africain, sa disparition a réunis des comédiens, réalisateurs (Cheik Omar Sissoko, Souleymane Cissé, Kadiatou Konaté, pour le Mali), hommes politiques et journalistes au cimetière musulman de Yoff le 12 mars dernier. Tous ont souligné la contribution du cinéaste au septième art africain.

La filmographie de Mahama Johnson Traoré compte une dizaine d’oeuvres comme Diankha-bi, Diègue-bi, Lambaay ou Njangaan. Diplômé du conservatoire libre de cinéma de Paris en 1965, le réalisateur travaillait depuis quelques années sur un projet de film mettant en scène les femmes de son pays, héroïnes de la résistance à l’invasion coloniale au 19ème siècle. Malheureusement, son état de santé ne lui aura pas permis de le réaliser.

Sources : Jeune Afrique, lefaso.net, Le Soleil (Sénégal), Agence France Presse.

Pour aller plus loin : le cinéma au Sénégal sur le site ausenegal.com

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