Number One de Zakia Tahiri

Long-métrage réunissant quelques grands noms du cinéma marocain, Number One a été réalisé dans l’objectif de dédramatiser l’inégalité des sexes encore palpable au Maroc. Le film de la réalisatrice Zakia Tahiri est en compétition au Festival PanAfrica international 2010.

Véritable comédie grand public, Number One se construit autour des réactions générées par l’adoption, en 2004, d’une nouvelle Moudawana (code de la famille marocain) simplifiant les procédures de divorce, limitant la polygamie et criminalisant le harcèlement sexuel. Aucune œuvre cinématographique n’avait encore été consacrée à la mini-révolution sociale engendrée par l’adoption de cette nouvelle loi marocaine.

Dans la ville de Casablanca, sous les ordres d’un patron intransigeant, Aziz dirige d’une main de fer Maroc Star, une usine de jeans employant une cinquantaine d’ouvrières. Pour des raisons d’hygiène, les employées portent le voile. Afin de remplir les quotas de production, elles travaillent 88 heures par semaine.

Tyrannique en profession comme en famille, Aziz s’applique à répondre à tous les critères de l’homme macho et à soumettre les gens de son entourage. En même temps, la nouvelle Moudawana entre en vigueur, ce qui fait jaser tant les femmes que les hommes. Dans les premières scènes du film, un vox-pop sur la question est  présenté sur l’écran de la télévision d’Aziz.

  • Que pensez-vous de la nouvelle Moudawana ? demande la reporter.
  • Moi franchement, répond un homme, je suis d’accord. Les femmes ont plus de droits et j’espère qu’elles en auront autant que nous.
  • Autant que nous ? s’offusque un autre homme. Mais il est taré lui ! L’homme n’a plus de valeur dans ce pays !

Conservateur à l’extrême, Aziz s’oppose à la nouvelle Moudawana. Quelque part plus loin, sur le conseil d’une amie, sa femme Soraya, excédée d’être mal-aimée, décide de lui jeter un sort ; Aziz se voit dépouillé de sa faculté de mépriser les femmes. Fortement décontenancé par cette nouvelle incapacité, il décide de consulter un sorcier, puis un médecin et finalement une psy, qui lui diagnostique le syndrome de la Moudawana (compris comme un comportement féministe aigu). Pris au dépourvu, assailli de contradictions, Aziz s’attire malgré lui le respect de ses employées, de sa femme et des voisines.

Number One est une comédie réussie, d’abord grâce a l’évolution du personnage d’Aziz, qui est une caricature d’un bout à l’autre du film. La force première du film est de rendre compte d’un changement social qui ne semble pas avoir eu tant d’écho en Occident, sans pour autant tomber dans la remontrance. L’interaction entre les personnages est d’un anecdotisme absolument sympathique, ce qui compense larg une direction photographique qui ne fait pas dans le coup d’éclat.

« J’aime le Maroc, profondément, viscéralement, affectivement et esthétiquement, commente la réalisatrice Zakia Tahiri. C’est à Casablanca, mégalopole dense, grouillante, vivante, dans un mélange d’arabe courant truculent et de français que j’ai voulu me perdre avec délices ». Voilà qui illustre bien l’effet produit par ce long-métrage aux allures de fable.

Extrait de l’Invité sur TV5 Monde avec la réalisatrice Zakia Tahiri

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