Katiba, le thriller de Jean-Christophe Rufin

Ancien ambassadeur tout en étant écrivain sur des sujets qu’il connait bien, Jean-Christophe Rufin tisse dans Katiba, un univers dans lequel il emprisonne son lecteur : celui de la guerre contre le terrorisme, en Afrique, quelque part dans le désert du Sahara.

Jasmine Lacretelle est la veuve d’un diplomate français, ancien consul à Nouadhibou, en Mauritanie. Après le décès de son mari et quelques péripéties, elle se retrouve au Quai d’Orsay (Ministère des Affaires étrangères), au service du Protocole. Un soir, elle reçoit la visite d’un certain Moktar qui l’invite en Mauritanie pour rencontrer une vieille connaissance (Kader Bel Kader) bien connue de tous les services secrets occidentaux.

Dans les bureaux d’une agence privée de renseignement, Archie et son équipe doivent de Belgique, coordonner le travail d’un de leur agent terrain à Nouakchott. Dimitri, médecin-espion suit la trace de jeunes islamistes qui seraient reliés à une katiba, un camp de combattants islamistes installé dans le désert du Sahara.

Ce sont là quelques-un des éléments de l’univers que l’auteur du roman Le Parfum d’Adam (130 exemplaires vendus) à réussit avec beaucoup de brio à imaginer. Se servant de l’actualité de ces dernières années, notamment l’énigmatique guerre contre le terrorisme ou l’élection de Barack Obama, Jean-Christophe Rufin compose tels un maître d’opéra, un récital d’espionnage et de contre-espionnage digne des meilleures oeuvres de Ian Fleming (James Bond) et Gérard de Villiers (S.A.S.).

« Nouakchott n’avait de capitale que le nom. C’était plutôt un immense entrepôt de parpaings au milieu du désert. La ville avait pris son essor dans les années cinquante. Le gouvernorat de Mauritanie était situé à Saint-Louis. Quand celle-ci était revenue en partage au Sénégal après l’indépendance, il avait fallu bâtir à la hâte une nouvelle capitale.»

Dans un concentré explosif de près de 400 pages, l’auteur contraint le lecteur, par la force et la qualité de son écriture et de l’ histoire à s’oublier dans un monde que ce dernier croit maîtriser à chaque nouvelle ligne de l’ouvrage. Rufin en profite aussi pour rappeler à ceux qui le lisent méticuleusement et qui ont le gout du voyage, quelques bons souvenirs. Des traversés du désert, au phare des Mamelles de Dakar (Sénégal), en passant par les ruelles de Nouakchott ou les bancs publics de Paris.

Et comme souvent, le héros (ou zéro) n’échappe pas à la sempiternelle faiblesse de l’homme et à laquelle il faut, toujours en revenir pour mieux comprendre les actions de n’importe quel humain, fut-il espion : l’amour. Et même à ce jeu, Jean-Christophe Rufin manie avec beaucoup de précision et de diplomatie, l’art du mariage entre genres totalement différents : identité, amour et …terrorisme.

Malgré les détails et la précision de ses récits, l’auteur assure que l’histoire de Katiba ne ressemble en rien à toutes les informations que le secret de la diplomatie lui interdit de révéler. Jusqu’en juin dernier, Jean-Christophe Rufin était ambassadeur de France au Sénégal.

Au mieux, concède-t-il en Postface, le personnage énigmatique de Jasmine, victime de sa double culture franco-algérienne ainsi que deux autres faits mineures ne sont pas la conséquence de son imagination fertile. Vérité ou mensonge, Katiba est au-delà de ses querelles d’origine et ne laissera aucun lecteur indifférent.

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