Quelques heures avant la représentation de Ceci n’est pas du slam, à la Sala Rossa, Queen Ka a l’air décontracté. Entourée de ses musiciens Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc, Elkhana de son vrai nom, fignole la mise en scène sous la direction de Yann Perreau. Touki Montréal a assisté à sa préparation et a interrogé la slameuse.
QUI EST ELKHANA, QUI EST QUEEN KA?
Queen Ka, c’est la partie guerrière d’Elkhana, sa partie femme. Elkhana, c’est le nom d’une reine berbère. Voilà pourquoi mon personnage s’appelle Queen Ka.
EN 2009, TU CONFIAIS À TOUKI MONTRÉAL QUE TU NE VOULAIS PAS FAIRE D’ALBUM. C’EST TOUJOURS LE CAS?
Je veux qu’on apprécie mes slams sur scène. Ceci étant dit, on est à l’époque où grâce à internet les gens ont accès à la musique. Donc, l’idée c’est qu’ils puissent les entendre sur le MySpace ou sur le site internet qu’on va bientôt mettre en ligne.
Ils vont pouvoir les écouter peut-être même les télécharger. Mais, je ne veux pas en faire un album. Je ne veux pas en faire une matière fixée. Il faut que ça soit sur le vif et profondément scénique.
SUR TON MYSPACE, TU AS MIS LA SOLITUDE ET TI AMO EN AVANT-PREMIÈRE. POURQUOI CES DEUX TITRES?
Solitude, parce que musicalement elle est bien chargée, bien présente. Elle a une mélodie propre et des refrains musicaux. Ti amo, parce que c’est une ballade qui n’a pas une forme conventionnelle.
EN TANT QUE QUÉBÉCOISE D’ORIGINE TUNISIENNE QUE PENSES-TU DE LA RÉCENTE ACTUALITÉ TUNISIENNE?
Je suis très fière de ce que la Tunisie a fait, mais le plus important reste à venir. Les gens se sont battus pour la révolution, mais il y a encore du travail. C’est comme une femme qui sort d’une relation avec un homme qui l’a battue.
C’est très difficile de décider de fermer la porte ou de la claquer. Si elle a quatre enfants à sa charge, qu’elle n’a pas de métier, il faut qu’elle trouve toutes les bonnes ressources pour ne pas retomber dans le même schéma. Il ne faudrait pas trouver un homme, lui aussi violent, pour remplacer l’autre!
L’avenir est encore à bâtir. C’est normal de passer de la répression au chaos comme transition. Après, ils pourront rebâtir sur de nouvelles fondations.
SUR TON FACEBOOK, TU DISAIS « UN PAYS QUI SE LIBÈRE ET L’AUTRE QUI ME RESSEMBLE DE MOINS EN MOINS », QUE VEUX-TU DIRE?
J’ai réagi à la suite des élections. Je n’arrive pas à croire que je vis dans un pays qui a pour gouvernement majoritaire un parti de droite aussi irrespectueux des combats qu’on a eu. Ça ressemble de moins en moins au Québec, qui est ma patrie. Ça me déçoit beaucoup.
Ceux qui travaillent dans le milieu artistique ne sont pas les enfants chéris de Stéphane Harper. Être une femme indépendante et artiste, c’est n’est déjà pas facile. Sous ce régime, je crois que ça va l’être encore moins.
VOUDRAIS-TU SLAMMER EN TUNISIE?
J’étais là-bas en septembre dernier. J’ai fait un spectacle, présenté des textes. Ça s’est bien passé. J’espère y retourner et ne plus avoir à penser à la censure. Ironiquement, c’est peut-être au Québec qu’on va se faire censurer maintenant.
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