Tahrir, je chante ton nom : la musique au cœur de la révolution égyptienne

De la place Tahrir à la mosquée Al-Nour, en passant par l’Université du Caire et le centre culturel al-Sawy, le webdocumentaire de Hussein Emara et Priscille Lafitte a comme personnage central la musique, au cœur de la révolution qui a fait « tombé le raïs », comme le chapitre d’introduction de la production de France 24, Monte-Carlo Doualiya et RFI le souligne.

Voilà un angle original que de traiter du « printemps arabe », largement abordé sous plusieurs coutures, surtout politiques.

Il est vrai que la culture, notamment la musique, contribue de tout temps à rallier les foules, à motiver les troupes, à garder le moral et même la paix, lors de manifestations et de soulèvements populaires. Tahrir, je chante ton nom en témoigne bien.

En tout, ce sont plus d’une vingtaine de chanteurs, groupes, producteurs, analystes de la musique que l’internaute rencontre en parcourant les diverses sections du webdocumentaire. Les auteurs sont retournés au Caire un an après la chute du président Hosni Moubarak, en parcourant les lieux symboliques de cet évènement historique, ponctué de musique.

Si ce sont des textes engagés et militants qui ont marqué les esprits révolutionnaires, le webdocu témoigne également de la musique pro-islamiste, qui incitait les Égyptiens à aller voter, ou encore de la musique à la gloire de Moubarak.

Les documentaristes vont aussi à la rencontre de la scène alternative, et des DJ électros/chaabi, qui ont animé les foules du quartier Al-Salam.

Acteurs à part entière de la révolution, les musiciens de tout acabit et de tout style ont participé activement à cette période unique de leur pays, et y ont contribué, d’une certaine façon, en traduisant en musique les pensées de tout un peuple.

Côté technique, Tahrir, je chante ton nom, présente toutefois quelques lacunes. L’attente est un peu longue entre l’introduction (trop courte et sans mise en contexte) et le début du bloc suivant. La navigation n’est pas fluide et l’internaute ne sait pas trop où aller dans le site, ni quel en est l’ordre précis.

Par contre, une fois un bloc visionné, celui-ci se place à gauche de l’écran, tandis que le contenu qui reste à voir reste à droite,  indiquant clairement l’étape du visiteur. Ce dernier se réjouira probablement aussi de rencontrer autant d’artisans, même s’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il aurait été peut-être plus facile et humanisant de suivre moins de personnages, mais en les abordant chacun plus en profondeur.

Aucune narration, que des témoignages, en connaissance  de cause.

Par ailleurs, Emara et Lafitte ne s’adressent pas à des néophytes, et prennent pour acquis que le visiteur sait ce que l’Égypte a vécu au cours de la dernière année.

Tahrir, je chante ton nom est un webdocumentaire inédit et original, malgré une forme imparfaite. Dans de tels évènements, la culture est souvent aux abonnés absents, au détriment de la politique.

C’est pourtant elle qui façonne l’identité d’un peuple, et qui a parfois un fort pouvoir de mobilisation.

L’exemple du Sénégal, où le mouvement de contestation entourant l’élection présidentielle de 2012 a été mené par un groupe de jeunes rappeurs est d’ailleurs assez éloquent à cet effet.

Tahrir, je chante ton nom

RFI / France 24 / Monte-Carlo Doualiya

 Réalisé par Hussein Emara er Priscille Lafitte

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