Laïcité Inch’Allah de Nadia El Fani

« La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain : sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république », dit le premier article de la Constitution de la République tunisienne. Qu’en est-il des non-musulmans? C’est la question que Nadia El Fani se pose et pose aux Tunisiens dans son documentaire engagé Laïcité Inch’Allah, anciennement intitulé Ni Allah, ni maître.

Réalisé au mois août 2010, durant le ramadan, alors que Ben Ali est encore au pouvoir et jusqu’au début de la révolution tunisienne trois mois plus tard, le film dépeint le portrait paradoxal d’une société tunisienne partagée entre la liberté de non-croyance et l’obligation de faire le ramadan (sauf pour les étrangers).

La cinéaste tunisienne utilise ces paradoxes pour lever le voile sur un sujet jusque-là tabou en Tunisie : la possibilité d’avoir une constitution laïque.

En période de montage lorsque la révolution tunisienne a commencé, la cinéaste est retournée sur les lieux pour prendre des images de ce peuple qui s’est révolté pour finalement mettre à la tête de son gouvernement transitoire le parti politique islamiste Ennahda, ce même parti que la réalisatrice critique ouvertement dans son documentaire et dans les entrevues.

Récipiendaire du Grand Prix international de la Laïcité 2011, le documentaire a déjà beaucoup fait parler de lui en Tunisie où il n’a pu être diffusé que deux fois; une fois lors de la clôture du festival DOC À TUNIS, une autre durant la journée de soutien aux artistes de « Touche pas à mes créateurs ».

Menacée de mort, poursuivie en justice pour atteinte aux valeurs du sacré, atteintes aux bonnes mœurs, El Fani fait face à ces accusations la tête haute. Elle continue d’écumer les salles de cinéma et les festivals à l’échelle internationale pour que le débat sur la laïcité en Tunisie ait véritablement lieu.

Le documentaire est bon dans son ensemble. Il a le mérite d’ouvrir le débat sur la question peu abordée de la laïcité en Tunisie, de tâter le pouls du pays avant le printemps arabe et de donner la parole aux femmes. Mais parfois, le ton de la réalisatrice est brusque avec les Tunisiens qui discutent avec elle.

La réponse est presque induite à ses interlocuteurs à plusieurs moments du documentaire, par exemple quand elle parle avec un manifestant qui lui dit que « le peuple est contre un gouvernement islamiste, mais pas musulman ».

Laïcité Inch’Allah sera diffusé à l’Excentris ce lundi 30 avril, à 16 h15, dans le cadre du Festival Vues d’Afrique.

Pour en savoir plus :

  • La bande annonce

Laïcité Inch’Allah 

Un film de : NADIA EL FANI

Année de production : 2010

Durée : 75 min

 

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