Avec Ce que l’on peut lire dans l’air, paru chez Albin Michel, c’est un peu de sa propre histoire que Dinaw Mengestu (Les belles choses que portent le ciel) raconte au lecteur. Tout comme le héros de son roman, l’auteur est d’origine éthiopienne, et tout comme lui il enseigne aux États-Unis.
Contrairement au narrateur, Dinaw Mengestu ne se noie pas dans une marée de mensonges dans son deuxième roman. La fiction permet ici de mettre en exergue l’intégration des émigrés dans la patrie du rêve américain, un sujet cher à son cœur.
Ce personnage principal, Jonas Woldemariam, se cherche. Il n’a pas d’ami. Le couple qu’il forme avec Angela bat de l’aile. Sa carrière est au point mort et son père, qu’il connaissait à peine, vient de décéder.
Trente ans plus tard, Jonas décide d’effectuer un pèlerinage pour se retrouver. Ce périple serait bénéfique si seulement le jeune homme ne se leurrait pas. Tels un remède, une drogue dont il ne peut pas se passer, le trentenaire se plonge dans un monde imaginaire.
Les premiers « mensonges » commencent dans le centre pour réfugiés du sud de Manhattan dans lequel il travaille avec sa compagne avocate bénévole.
Enjoliver la réalité afin de faciliter la demande d’asile est-ce vraiment si terrible? Pas pour notre protagoniste qui s’épanouit grâce à cet exercice. Il en sera de même devant ses étudiants de l’école privée où il enseigne la littérature anglaise lorsqu’il racontera l’histoire de son père. Cet enjolivement aura pour conséquence d’entraîner Jonas dans ses propres délires.
Cette quête identitaire, parce qu’il s’agit bien ici purement et simplement de quête identitaire, est le thème incontournable de certains écrivains américains. Dans la lignée de Jack Kerouac, Cormac McCarthy et J.D Salinger, Dinaw Mengestu utilise le voyage. Peu importe la destination, seule la route empruntée compte. Mais dans ce cas particulier, ce « pèlerinage » est voué à l’échec puisque quoi que l’on puisse dire, il est inévitablement biaisé par Jonas lui-même.
Ce que l’on peut lire dans l’air, Dinaw Mengestu, Albin Michel