Ancien membre fondateur de l’Orchestre Nationale de Barbes, et du Zawinul Syndicate, Aziz Sahmaoui est un personnage emblématique de la nouvelle scène de musique du monde. Il réussit à travers des fusions entre le jazz et la musique traditionnelle maghrébine à créer un genre bien à lui, une musique souvent associée au Gnawa, qui enflamme le cœur et corps de toute une génération.
Avec Alune Wade à la basse, Cheikh Diallo à la kora et aux claviers, Herve Samb à la guitare, Guillaume Pihet et Amar Chaoui aux percussions, il a sorti en 2011 l’album University of Gnawa, produit par Martin Meissonier. Rencontré après un concert en Algérie, Aziz Sahmaouia raconté son parcours, mais surtout du travail derrière ses chansons.
Dans votre musique, on perçoit souvent une note d’ésotérisme, une inspiration soufie, presque magique, pouvez-vous nous en dire plus ?
Les chants gnawa sont des louanges au prophète, à Dieu, aux Blancs, aux Saints, aux Nobles, aux Savants…Et pourquoi est-ce qu’on les chante, parce qu’ils ont construit des villes, des écoles, ils ont contribué au cheminement des civilisations. Et on s’en souvient d’eux comme tel, donc on les chante…
On remarque aussi certains titres à caractère dénonciateur, qui traitent de l’injustice sociale, et on peut voir cela de plus en plus à travers la nouvelle scène. Quel rôle doit jouer le musicien dans la lutte sociale face à l’injustice :
Moi, quand je vois une fille qui a 7 ans, qui est servante et qui ne va pas à l’école, qui est exploitée; ou un garçon qui travail comme il peut, moi je réagis, c’est une injustice, il faut qu’il joue, qu’il aille à l’école, même s’il est pauvre.
On parle de tout, mais on ne le ressent pas jusqu’à ce que ça nous arrive… Moi je réagis, comme je réagirais à une joie, une beauté, j’exprime mon amour de cette façon. Mais je dois aussi exprimer ma tristesse et ma rage face à cette injustice.
Quand je vois un musicien qui n’arrive pas à se nourrir de son art, qui doit abandonner la musique, un enfant qui rentre de l’école pour trouver sa maison en ruines… Alors on dénonce, et on agit en espérant créer du changement.
Les artistes ont de plus en plus de difficultés à s’exporter, surtout dans le domaine de la musique du monde, est-ce un problème linguistique :
La barrière linguistique n’a jamais été un problème. Les difficultés ont commencé avec les nouvelles technologies qui font en sorte que le disque ne se vend plus. Il paraît qu’il n’y aura plus de disque. Mais en vérité, nous sommes sensibles à certains produits, une pochette, une belle photo, un logo… Mais ça coûte de plus en plus cher de produire un album et un disque, entre 15 et 50 000 euros.
Et on ne vend plus le disque, on le distribue, on le donne, après les interviews, les concerts… Pour un musicien, l’important c’est de rester en bonne santé afin de pouvoir se produire sur scène partout dans le monde, et si tu te produis sur scènes on dit : Al hamdoullah (Dieu merci)
Avez-vous des projets de prévus :
On prépare un nouvel album pour une sortie prévue en 2013, sinon des tournées là ou il y a une demande. J’ai déjà fait quelques concerts à Montréal, avec un très large et beau public, nous sommes passés avec Joe Zawinul Syndicate et l’ONB. Et s’il y a une demande on viendra Inshallah à Montréal cette fois-ci avec University of Gnawa.
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