Angélique Kidjo : de l’engagement encore et toujours

À la veille de son spectacle lors de la 27e édition du Festival international Nuits d’Afrique, Angélique Kidjo, marraine du festival, a répondu aux questions des journalistes. C’est une militante toujours plus engagée que nous avons pu rencontrer, enveloppée dans une magnifique écharpe Masaï, souvenir de son premier voyage en Tanzanie en tant qu’ambassadrice de l’UNICEF.

En tant que marraine du plus grand festival africain en Amérique du Nord, quelle est pour vous la nécessité d’avoir un événement tel que le Festival Nuits d’Afrique?

Ce festival n’est pas né  pour remplir une nécessité, sinon il n’existerait plus. C’est tout simplement la concrétisation de la conviction des gens de ce festival qui œuvre pour la diversité culturelle.

Il nous rappelle les différences qu’il y a dans une même race humaine, mais si on passe du temps à regarder plus les points qui nous rapprochent que ceux qui nous séparent, le monde ira beaucoup mieux.

Et c’est cela que les Nuits d’Afrique œuvre à accomplir.

Ce festival prouve qu’on peut être dans un pays démocratique et capitaliste et quand même mettre la culture en avant, car si on perd la culture on perd tout.

Qualifiez-vous votre musique d’engagée ?

AngeliqueMes chansons ne sont pas radicales, mais appellent au changement profond. Il y a beaucoup d’artistes qui ont un impact sur notre vie au-delà de ce que l’artiste crée.

La musique permet d’exprimer notre liberté de choix, de ne pas être imposé et de l’écouter quand on veut.  Ce n’est donc pas une chanson qui est engagée, mais le sens que l’on tire qui a une visée sociale. La musique soigne beaucoup de choses.

L’Afrique est un continent de tradition orale et par le chant on parle de beaucoup .Quand j’étais jeune au Bénin on chantait souvent une chanson, et une fois j’ai écouté les paroles et j’ai réalisé que c’était horrible, les paroles étaient dures et je ne comprenais pas pourquoi on dansait sur ces rythmes.

Mon oncle me dit alors : « Si tu veux que les gens fassent la différence, que les choses avancent, la culpabilité ne fait bouger rien du tout  et la moralisation ne sert à rien! Chante ta musique tant que les gens s’amusent le message arrivera».

Parlez-nous de votre engagement social non artistique 

Je suis depuis 2002 ambassadrice de l’Unicef et j’ai rencontré des enfants et des gens magnifiques. Le sourire et le courage qu’ils ont pour sortir de leur situation est fantastique et c’est à travers leurs volontés qu’on œuvre pour les aider… Vous savez on ne peut aider quelqu’un s’il ne veut pas s’aider soit même.

C’est cette résilience des êtres humains qui me pousse a continué d’agir, d’aider les filles à aller a l’école afin de pouvoir refuser leur situation et lutter pour s’en sortir , aussi forte les traditions soient-elles.

Par quel moyen vous renouvelez-vous continuellement ?

Le monde est vaste et petit en même temps, alors j’essaie de reste le plus proche possible des gens. Je refuse la Star Système et tout le monde qui entoure ce système. Les gens me demandent si je n’ai pas peur que quelqu’un me fasse du mal alors je réponds : pourquoi? Je ne fais pas la guerre moi

Ma mémoire me ramène des choses et des souvenirs sans vraiment le réaliser, j’essaie de ne pas me pauser de question et c’est comme ça que je continue de me renouveler. Je suis quelqu’un qui a beaucoup de doutes alors je cherche toujours plus loin, plus de renseignement sans pour autant oublier d’où je viens.

Vous voyez vous comme Youssou Ndour, en politique ?

Si le monde politique était une onde d’action, j’aurais fait de la politique depuis longtemps, on aurait pu changer des lois ou changer des choses!

La politique ne m’intéresse pas parce que je la côtoie tout le temps. Les réponses toutes faites qui n’ont pas de profondeur et qui n’aboutissent à rien ça me fatigue. Moi je veux qu’on réfléchisse et qu’on agisse.

Je ne veux pas fermer ma bouche, je veux bouger tout, je veux secouer tout, je m’en fou qui je dérange sur le chemin, quand il y a une vie humaine à sauver personne ni aucun intérêt au monde ne m’arrêtera… Alors non je ne suis pas prête à faire de la politique. Je reste loin de la politique tout en gardant ma liberté d’expression.

Crédit Photo : Nuits d’Afrique

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