Publié chez FLBLB, Yékini, le roi des arènes est une impressionnante bande dessinée de 400 pages en noir et blanc qui raconte l’épopée de la lutte sénégalaise à travers trois de ces héros qui se disputent le titre de roi des arènes.
Le football est sans doute le sport préféré dans bon nombre de pays africains. Au Sénégal, pays de la Teranga, un autre sport passionne les foules et permet de remplir les stades : la lutte, un sport qui reprend les principes de la lutte classique en y intégrant les coups de boxe.
Dans leur ouvrage aussi fouillé que bien illustré, le couple Lisa Lugrin et Clément Xavier permet aux lecteurs de voyager dans un Sénégal qu’ils ont appris à découvrir.
En 2010, alors que le pays fête le cinquantenaire de son indépendance, les deux auteurs se retrouvent dans un stade bouillant pour un combat revanche d’anthologie entre Yakhya Diop, alias Yékini, et Mouhamed Ndao, plus connu sous le vocable de Tyson.
Ce dernier, plus éduqué des trois est décrit comme un «fervent admirateur des USA». Comme plusieurs Africains, il est le produit de l’impérialisme culturel américain. C’est le champion idéal d’un certain capitalisme qui fait vendre les journaux à potins et les produits des commanditaires. Il est aussi bon négociateur de contrat que de nuit folle avec la gent féminine. On lui doit cependant la modernisation d’un sport passé de traditionnel à véritable phénomène médiatique.
Son principal adversaire, «paysan sorti de sa campagne» est aussi le héros du livre. Et pour cause, Yékini est resté invaincu en 15 ans. Il est le roi le véritable roi des arènes, selon les auteurs qui assument sans détour leur préférence pour celui qui affichait un palmarès de 20 combats, 19 victoires, 1 nul.
«C’est une personnalité intéressante, car il est distant avec l’aspect mercantile de son sport», souligne d’ailleurs Lisa Lugrin dans une entrevue dans le quotidien «Le Messager».
Balla Gaye II est le troisième champion. Fils d’un autre champion, il a hérité de l’arrogance et de l’insouciance de la jeunesse et de sa génération. On le surnomme d’ailleurs «Don’t care». Grâce à son personnage, les auteurs vont s’immiscer dans la politique sénégalaise, puisqu’originaire de Casamance, une région où sévit depuis toujours une guerre civile, il est courtisé par les chefs politiques, au premier rang duquel Abdoulaye Wade, président sortant.
Diplômés de l’école de bande dessinée d’Angoulême, Lugrin et Xavier ont à leur actif plusieurs publications, résultats de nombreux ateliers de BD (Django Banjo, 2012, Légende du Voyages, 2013).
Le fruit de leur travail, qui s’apparente à un reportage journalistique, expose le Sénégal dans ces différentes facettes. Dans le sport, comme dans la vie, les rituels et croyances superstitieuses sont légion au pays de la Terange. Le contexte économique démocratique et social sénégalais est aussi abordé. Entre les strips de dessins, quelques photos agrémentent la lecture et le lecteur nage constamment entre fiction et réalité.
Salam, si possible j’aurai bien aimé l’avoir sous format (PDF, PowerPoint, ……, …..). Afin de bien m’y imprégner en tout cas c’est vraiment intéressant…. Bonne continuation
Regards…!
Bonjour,
Saviez-vous que cette magnifique BD a reçu le prix Révélation de l’Année au festival international d’Angoulême ?
A découvrir absolument !