Le Nigeria à l’honneur au Metropolis

Dans la série, Le jazz de Touki Montréal, découvrez la critique du concert de King Sunny Ade et de Femi Kuti au Festival international de jazz de Montréal, ce dimanche 5 juillet au Métropolis.

King Sunny Ade
King Sunny Ade

King Sunny Ade et Femi Kuti sont deux tendances bien distinctes de la culture nigériane. Ils ont en point commun d’être des virtuoses de la scène. Voilà déjà 17 ans que King Sunny Ade ne s’était plus produit au festival de jazz, et dire qu’il n’a pas déçu serait une simple litote. C’est à lui qu’est revenu l’honeur de lancer les festivités dans une salle comble et prête à succomber aux enchantements de sa musique juju, ce mélange de traditions Yoruba et sons électriques actuels. Une énergie positive s’est instantanément dégagée pour ce vieux compagnon qui brille par son inspiration depuis plus d’une trentaine d’années. Comme à l’accoutumée, il a fait part de son jeu de scène très théâtral. Il a offert un répertoire classique à un public très hétéroclite qui, bien que réceptif, ne parvenait pas à se transcender complètement. La salle était toutefois bel et bien chauffée à bloc pour l’arrivée de la tête d’affiche du soir.

Accoutrée de tenue verte et blanche, aux couleurs du Nigéria, une impressionnante armada de musiciens faisait son entrée, suivie de près par Femi Kuti qui donnait immédiatement le ton, lançant : « It’s Africa, it’s afrobeat, it’s plenty of love for you ». Il a joué des chansons très variées, extraites de ses différents albums, de Fight to win au récent Day by day. Son jeu de scène laissait parfois planer l’ombre de son père, le légendaire Fela Kuti, avec le groupe duquel il avait d’ailleurs fait ses débuts en 1985. Femi a cependant réussi à imposer une marque moins agressive  et  plus pondérée que l’avait été son aïeul.

Femi Kuti - Courtoisie : FIJM
Femi Kuti - Courtoisie : FIJM

Durant ce spectacle de plus de deux heures, Femi Kuti est passé allégrement du saxophone à la clarinette ou l’orgue, affichant ainsi toute son envergure musicale. Les musiciens sur scène ont également démontré toutes leurs qualités à travers leurs abondants solos, non sans rappeler le jazz qui règne présentement sur la cité montréalaise. Mais Femi Kuti représente bien plus qu’un interprète grandiose, il est aussi un messager. Il s’est fait un point d’honneur à dénoncer les méfaits des multinationales et à faire tomber les voiles sur de multiples tabous.

Inarrêtable, Femi Kuti s’est finalement décidé à faire sa sortie alors qu’il est plus de minuit et que la foule était encore en pleine frénésie. Issus de deux générations différentes, King Sunny Ade et Femi Kuti ont délivré des performances sérieuses, faisant défiler tout l’age d’or de la musique nigériane. « Day by day, night by night, we work and pray for peace to reign » déclarait Femi Kuti.

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