Angélique Kidjo : il faut y être pour le croire

« She’s the queen ! » s’exclame Betty Bonifassi, chanteuse de The Beast, suite à une prestation en duo avec Angélique Kidjo. Jeudi soir, devant la scène Ford du Quartier des spectacles, il n’y avait personne pour présumer le contraire. Dire qu’Angélique Kidjo est reine de la scène apparaît euphémique, et tout autre qualificatif ou superlatif aussi.

Dès qu’Angélique Kidjo monte sur scène, Montréal change de visage et ne détourne plus le regard. Première pensée journalistique, en début de spectacle : cette femme est surhumaine. Un simple coup d’œil suffit pour comprendre que dans ce corps et cette tête se concentre toute l’énergie du monde.

Angélique Kidjo possède une puissance vocale et scénique qui a beaucoup à voir avec celle de sa personnalité. N’ayant manifestement pas froid aux yeux, l’artiste fait un hommage à Henri Salvador, un autre à Carlos Santana, et se risque même à chanter en hindi, une langue qu’elle ne maîtrise pas, mais qu’elle se sent libre d’adapter à la sauce béninoise (Afirika). Le mélange des genres et des cultures apparaît dès lors comme une opportunité : celle de s’affranchir de barrières invisibles et d’évoluer sans contrainte.

À l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau, à quelque moment du passé, l’héroïne béninoise a déjà pensé : « Mais ce n’est pas possible que je me sente si bien à des milliers de kilomètres de chez moi ». Angélique Kidjo dit aimer le Québec.

Il fallait bien une Africaine de cette envergure pour nous faire vivre la scène culturelle québécoise de façon inattendue. Portée par une fougue hallucinante sur scène, elle se produit en duo avec Guylaine Tremblay, « sa sœur québécoise », Betty Bonifassi, « la lionne québécoise » et Marie-Josée Lord, dont elle jalouse drôlement la grandiloquence de la voix. « Vous êtes chanceux les Québécois, ne changez pas », commente-t-elle en évoquant le potentiel artistique de la province.

De nature rassembleuse, Angélique Kidjo multiplie accolades soutenues et commentaires admiratifs, passe un moment au cœur de son public où elle se mérite quelques accolades émues qui ne l’empêchent pas de chanter, et fait monter quelques spectateurs sur scène, pour une finale éclatée, festive et de toute beauté.

« Ce que nous faisons ici, aucun homme politique ne peut le faire », lance Angélique Kidjo à la foule au summum de sa performance, avant d’expliquer que c’est au peuple de faire changer les choses, et non au gouvernement. D’un certain point de vue, on a aussitôt envie de la nommer à la tête d’un gouvernement mondial, parce qu’elle possède des, les Pouvoirs.

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