Katanga : l’informatisation de la douane fait gagner du temps et de l’argent

L’informatisation de la douane au poste de Kasumbalesa au Katanga, à la frontière avec la Zambie, a permis de multiplier par 30 les recettes de l’Etat. Importateurs et exportateurs y perdent aussi moins de temps. Ceux d’entre eux et les douaniers qui profitaient de l’ancien système pour frauder sont les seuls mécontents…

(Syfia International)

Le soleil est de plomb ce samedi du mois d’octobre à Whisky, un village proche de la cité congolaise de Kasumbalesa. Des vendeurs d’eau et de boissons glacées passent et repassent parmi les centaines de passagers des camions remorques géants qui attendent ici, en files interminables, leurs visas pour traverser la frontière avec la Zambie.

Port de Matadi

On en compte pas moins de 100 chaque jour côté congolais. Beaucoup de monde qui passait jusque-là un temps fou à ce poste douanier, le plus important de la Rd Congo, avant ceux de Matadi (Bas-Congo) et de Kasindi (Nord-Kivu).

Mais depuis un peu plus de deux ans, les opérations de dédouanement des marchandises s’y sont sensiblement améliorées, grâce à l’installation d’un guichet unique informatisé.

« Dans le temps, la douane nous prenait une à deux semaines à cause de la lourdeur des opérations qui étaient manuelles, et aussi à cause des manœuvres des douaniers », raconte un chauffeur zambien, qui a obtenu son bulletin de liquidation moins de 48h après le dépôt de sa déclaration douanière.

Ce bulletin reprend le montant des taxes que l’importateur doit payer à la banque, pour entrer en possession de sa marchandise.

Minimiser les fraudes

Les marchandises qui entrent en Rd Congo par cette frontière viennent d’Asie, d’Afrique australe ou d’Afrique de l’Est. Et le pays exporte essentiellement des minerais : cuivre, cobalt… Au guichet unique, c’est un nouveau logiciel du système douanier appelé Sydonia + +, qui analyse et vérifie la quantité et la nature des marchandises à l’import-export.

Ce logiciel permet aux différents services douaniers de communiquer en interne par messagerie électronique. « A partir des données comme l’identité du porteur, la nature de la marchandise, sa quantité… que d’autres services me transmettent, je fais la taxation en me référant aux tarifs des droits et taxes à l’import-export, dont la version électronique est sur ma machine », explique un agent taxateur, bien calé devant son ordinateur.

Développé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Sydonia + + ou Sydonia web a été conçu pour améliorer les recettes publiques et renforcer l’activité économique.

A Kasumbalesa, il a permis de minimiser les pratiques de minoration des taxes qui étaient monnaie-courantes entre douaniers, déclarants et opérateurs économiques et qui faisaient perdre au profit des individus, d’énormes sommes d’argent au Trésor public.

Les recettes ont ainsi explosé à ce poste : « De l’ordre de 1,2 millions de $ par mois avant l’informatisation, elles ont atteint à ce jour 32 millions de $ », affirme Xavérine Karomba, vice-ministre provinciale du Commerce.

Un grand motif de satisfaction pour les autorités, qui prend au piège les habitués de la fraude douanière et tous ceux des services frontaliers qui s’en mettent souvent plein les poches. « Ceux qui déclaraient autrefois la farine en lieu et place du ciment ont eu des maux de ventre… », déclare avec un brin d’humour Joseph Smet, lui-même opérateur économique du Katanga.

Des importateurs mécontents

Dans les services de la Direction générale des douanes et accises (DGDA), à Kasumbalesa, les agents qui avaient pris goût à l’ancien système, avec une administration lourde et très attachée à de la paperasse, reconnaissent les avantages de l’informatisation de la douane.

Ce qui n’empêche pas certains parmi eux de s’arracher les cheveux : « Les recettes que nous générons sont importantes mais elles sont versées directement dans le compte du pouvoir central (Kinshasa, Ndlr), qui ne se préoccupe pas des conditions dans lesquelles nous vivons », maugrée l’un d’eux.

Certains opérateurs économiques avouent qu’avant, ils étaient « à l’aise » mais que « cette histoire d’informatisation est venue tout compliquer. » Un membre de la Fédération des entreprises du Congo (FEC/Katanga) estime que le nouveau système les désavantage : « Nous qui importons sommes fatigués, car il y en a qui paient le double de ce qu’ils payaient avant. ». Mais à la DGDA, où les chiffres en augmentation des recettes sont un acquis positif, on déclare ne s’en tenir qu’aux lois de 2008, qui fixent les tarifs des droits et taxes douaniers à l’import-export.

Par Maurice Mwamba

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