Terakaft fête la musique touareg

PARIS – Les rockeurs touareg de Terakaft se sont produits le 21 juin, jour de la fête de la musique en France. Fidèles à eux-mêmes, ils ont mis la salle dans un état second. On y était !

Imaginez une histoire qui a débuté il y a plusieurs siècles. Imaginez un âge où Tombouctou ferait rougir New York City de par ses activités. Imaginez une époque où le Sahara était un lieu d’échanges international, bien avant l’essor de la globalisation moderne.

TerakaftLe commerce transsaharien abondait. Les caravanes foisonnaient à travers le désert, transportant sel, or ou dattes. Les Touaregs en étaient les maitres d’œuvre.

C’était aussi une période où se déroulaient de grandes célébrations intercommunautaires. Les Touaregs se rassemblaient et échangeaient tout en jouant de la musique.

Terakaft (la caravane en langue tamasheq) s’inscrit dans la lignée de ces traditions. Avec leurs guitares incisives, ils ravivent les anciennes coutumes musicales et poétiques du peuple toureg.

Eux l’appellent musique assouf (nostalgie, solitude). En occident, on dira blues. Peu importe le nom, l’état d’esprit est lui bien présent.

« On fait de la musique pour notre peuple, pour que les gens aient du travail et que les enfants aillent à l’école » Diara, fondateur du groupe et ancien de Tinariwen

Ils ont sorti début 2013 leur très convaincant quatrième album Kel Tamasheq, c’était donc l’occasion de les voir interpréter ces titres en concert.

Sanou

Les premiers accords mettent tout le monde d’accord : c’est captivant, tonique et enivré. Les percussions traditionnelles et les clappements ont peut-être disparu de la section rythmique mais les guitares syncopées et la batterie font le travail.

La batterie est d’ailleurs la principale nouveauté de cette tournée. Le groupe avait précédemment choisi la calebasse et le djembé. On aurait pu légitimement avoir des doutes sur la présence de cet instrument de nature plus occidentale mais le batteur Nicolas Grupp, ancien d’Ibrahim Djo Experience, parvient aisément à se fondre dans l’univers du groupe.

Niveau répertoire, ils jouent aussi bien du récent (Tirera) que du plus ancien (Arghane Manine) ; du calme (Allah Fal Manin) que de l’entrainant (Idiya Idohena). La performance monte crescendo. L’ambiance dans la salle suit.

Il parait toujours difficile de s’imaginer que ce genre soit né de la plus grande souffrance et marginalisation sociale que le peuple touareg ait jamais vécu. Peu de spectateurs ont conscience de leur message et du vécu tourmenté du groupe. Mais on a beau être sorti du contexte, la musique se suffit d’elle-même. Et ce soir, elle aura fait de nouveaux adeptes. Prochain étape : le mythique festival de Glastonbury au Royaume-Uni.

Nicolas Roux

Dessin par Stephan Zimmerli ©

Crédit Photo : France in the US ©

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