La larme du bourreau de Layth Abdulamir

Pour sa onzième œuvre filmographique, La larme du bourreau, projetée le 2 mai 2014 au Cinéma Excentris aux Vues d’Afrique, le réalisateur iraquien Layth Abdulamir, se penche sur le thème de la peine de mort et plus particulièrement en Égypte, confrontant les témoignages d’un bourreau et  de ses condamnés.

Ashmawi, bourreau d’Égypte, partage sans pudeur son quotidien d’exécuteur, fier de ses seize années d’expérience à pendre quotidiennement des condamnés à mort, au Caire comme à Alexandrie. Affichant plus de six cents morts à sans compteur, il détaille avec pragmatisme et assurance son procédé et ses rituels, dévoilant dans un premier temps un détachement nécessaire face aux nuques qu’il rencontre et qu’il mène à la potence.

La larme du bourreau« Selon le Coran, exécuter une personne, c’est comme si tu tuais toute l’humanité. Mais les Imams m’ont rassuré : si Dieu ne voulait pas, il ne conduirait pas le prisonnier à moi » (Ashmawi, le bourreau d’Égypte)

« C’est terminé, la vie ne veut plus de nous. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? » 

Le court-métrage contraste les propos glaçants du bourreau avec ceux des condamnés, attendant parfois pour certains depuis presque une décennie la sentence finale. Malades d’attente et tremblants à chaque bruit de pas dans le couloir, homme et femme attestent ainsi de la souffrance du sursis. Se déclarant déjà « cliniquement morts », ils se confient sur la folie latente qui les habite et leur font espérer la mort plutôt que le lendemain.

« Je n’attends pas un ami qui rentre de voyage. J’attends que l’on me pende » (Mohammed, condamné à mort)

Avec La Larme du bourreau, Layth Abdulamir questionne de manière latente, sous couvert de questions moins tendancieuses, le rôle et la place de la religion dans l’appréhension de la mort orchestrée, mais surtout dans l’exécution froide d’un être humain à un rythme quasi industriel.

De quelle manière l’acte de tuer a-t-il été détourné par ceux qui interprètent les textes religieux pour en faire un geste civique, un geste qui rend justice ? Comment est-il encore possible de parler de justice lorsque celle-ci exige un homicide ?

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