FIFBM: Dry, un film engagé et émouvant

Avec «Dry», présenté mercredi dans le cadre du Festival du film black de Montréal, l’actrice et réalisatrice nigériane Stephanie Linus signe un film engagé et émouvant qui aborde le sujet méconnu de la fistule obstétricale chez les jeunes femmes issues du milieu rural, en Afrique.

Dry_film_Affiche Le long métrage raconte deux histoires croisées: celle de Zara, rôle joué par Stephanie Okereke Linus, réalisatrice du film, une infatigable et talentueuse médecin d’origine nigériane qui vit maintenant au Pays de Galles, et celle d’Halima (Zubaida Ibrahim Fagge), une jeune fille de 13 ans, vivant dans un petit village dans le nord du Nigeria, qui est donnée en mariage à Sanii, un homme de soixante ans déjà marié à plusieurs femmes.

Battue et violée à répétition par son mari, Halima tombe enceinte. Son accouchement, particulièrement difficile et douloureux, se déroulera très mal. Après avoir accouché d’un enfant mort-né, la jeune fille souffrira de fistule obstétricale, une lésion résultant d’un accouchement difficile.

Souffrant d’incontinence chronique, la jeune fille vivra une véritable descente aux enfers. Abandonnée par son mari, humiliée à répétition, elle sera rejetée par sa propre famille et bannie de sa communauté à cause de l’odeur nauséabonde qu’elle dégage ainsi que la méconnaissance des villageois sur sa condition. Certains évoqueront la sorcellerie ou l’adultère pour expliquer ce qui lui arrive.
Lors d’une mission humanitaire, Zara viendra en aide à de nombreuses jeunes filles souffrant de fistule obstétricale, comme Halima, mais elle sera confrontée à la dure réalité de travailler dans un hôpital de campagne au Nigeria.

Dry-filmUne fiction-réalité

«Il ne faut pas voir ce film comme une fiction, mais plutôt comme une réalité», a expliqué Stephanie Linus qui était présente pour la projection du film à l’ancien cinéma de l’ONF de Montréal.

La réalisatrice s’est inspirée de plusieurs histoires qu’elle avait entendues lorsqu’elle était en deuxième année d’université.

«L’une de mes amies est revenue du nord du pays [à majorité musulmane] et m’a raconté tout plein d’histoires de jeunes filles qui étaient mariées de force et qui devenaient incontinentes après avoir donné naissance. Je n’en revenais pas. Je me demandais si ça se passait vraiment dans le même pays dans lequel je vivais. Je me suis sentie chanceuse de pouvoir disposer de mon corps comme je le voulais, d’avoir pu aller à l’école, à l’université», a-t-elle expliqué, visiblement émue.

Dry-film-02Par la suite, Stephanie Linus s’est beaucoup renseignée sur le sujet. Elle s’est servie de sa popularité grandissante à Nollywood [le Nigeria est l’un des plus gros producteurs de films au monde] pour réaliser ce film qui lui tenait à coeur. «Aborder un sujet comme celui-là dans un film, plutôt que dans un documentaire, permet aux gens de mieux s’identifier aux personnages», a-t-elle souligné.

Malgré une trame narrative trop chargée (la dernière partie du film était un peu trop rocambolesque), Dry est un film dramatique émouvant avec un message fort. Certaines scènes difficiles du film peuvent créer un certain malaise (celle qui montre l’accoucheuse du village utiliser une lame de rasoir pour «abréger» la souffrance de l’accouchement d’Halima est particulièrement marquante), mais rien ne relève du voyeurisme.

Les petits défauts du film n’enlèvent en rien sa pertinence. Un joli coup d’éclat qui mérite vraiment le coup d’oeil.

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