Pour sa première réalisation, Katia Paradis a pris le temps (quatre ans) qu’il fallait pour capter trois hommes. Ils sont accordéoniste, guitariste et harpiste et ils ne se connaissent pas. Ils ne sont plus jeunes, leur vie est derrière eux, mais ils gardent une foi indéfectible pour leur passion commune : la musique. Plus que la fontaine de jouvence ou tout autre élixir, la musique reste pour eux l’armure protectrice d’un fléau sans pitié : la vie. Mais que serait une fée sans baguette, ou un hôpital sans lit ? Probablement rien. Moralité, puisque la musique c’est leur royaume, il fallait bien lui trouver un chef d’orchestre et rien de mieux qu’un roi pour régner sur un royaume.
Pendant 88 minutes, la réalisatrice nous fait voyager. Un jour à Belize dans le salon de Wilfred devant d’innombrables trophées et nous parlant de la reine d’Angleterre. Et tout d’un coup, on se retrouve sur un bout d’île. Cette fois, c’est Florencio qui regrette pendant une seconde de ne pas avoir fini l’école. Mais il se ravise. Il parle trois langues et n’en est pas peur fier. D’ailleurs le revoilà dans l’avion en direction de Venise, capitale de l’amour et de la musique.
Paul est nostalgique. Il se rappelle du bon vieux temps passé avec sa guitare. Mais sa mémoire lui joue des tours. Impossible de se rappeler de toutes les chansons. Qu’importe, le talent n’est pas ingrat. Il suffit qu’il touche sa guitare et celle-ci se rappelle pour lui. Accompagnés de leur instrument, Paul, Florencio et Wilfred ont ce petit quelque chose qui fait qu’on ne peut que les aimer. Et l’on ne s’en lace pas.
Mais il ne suffit pas d’avoir la musique pour que tout aille, même pour les plus grands des Rois. Au-delà de cet amour indubitable pour leur passion, il y ’ a déception, regret, misère et solitude. On peut tout avoir et manquer de tout.
Au travers de ces anciens en fin de règne et d’apogée, c’est l’image d’une société ingrate qui ne sait pas donner aux meilleurs la place qu’ils méritent. L’image tragique d’un Wilfred tentant sans succès de vendre ses CDs au bord d’une route témoigne de la misère et de la relativité d’une vie pourtant pleine de succès. Mais qu’importe pour nos valeureux guerriers qui ne veulent surtout pas se plaindre, la vita es bella surtout lorsqu’on vit de musique.
Au cinéma Beaubien le samedi 18 avril à 18h15