Découvrez la critique du film Paris à tout prix diffusé lors du Festival PanAfrica International. Ce film a reçu la mention spéciale du jury du Fespaco 2009
Suzy, interprétée par la réalisatrice et comédienne Joséphine Ndagnou, tente par tous les moyens de traverser l’Atlantique pour un jour vivre à Paris. Depuis le Cameroun, elle tentera de rejoindre la Guinée Equatoriale par pirogue ou de rencontrer un homme par Internet, celui qui pourra la faire venir en France. Suzy ira même jusqu’à se prostituer pour un jour réaliser son rêve. Elle se rendra compte que la réalité est beaucoup plus cruelle.
Si le thème n’est pas nouveau, Joséphine Ndagnou propose de mettre en scène la réalité socio-économique de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Celui du mythe de l’occident, celui qu’on retrouve au tout début déjà chez Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambiguë. Dans Paris à tout prix, la figure de Samba Diallo semble réincarnée, actualisée dans une temporalité encore plus complexe. Si dans L’Afrance d’Alain Gomis, le personnage principal a une fin tragique, Suzy se retrouve elle aussi confrontée à des comportements déchirants.
Paris à tout prix a reçu la mention spéciale du Fespaco 2009. Étrangement on ressent la présence de Sembène Ousmane, parti avant de pouvoir assister à ce Fespaco. Tout au long du film, un homme saoul traverse la ville et croise à plusieurs reprises Suzy. « Le gros poisson mange toujours le petit poisson », lui répète-t-il à plusieurs reprises. Un homme qui ressemble étrangement au postier de Mandabi, repris lui aussi comme un symbole dans les premières minutes de Touki Bouki de Djibril Diop Mambéti. C’est celui qui apporte les nouvelles de l’occident, d’une frontière invisible qu’il faut franchir dans les rêves. Dans Paris à tout prix, il semble désincarné, annihilé par l’alcool mais comme une conscience toujours présente « Je vais à Yaoundé, la capitale ! » crie-t-il du début jusqu’à la fin. Des mots qui prendront un sens terrible à la fin du film…
Désincarnées, les traditions le sont aussi. Joséphine Ndagnou montre aussi que les propres compatriotes arrivés en France sont capables des pires horreurs. Comment ne pas penser à La noire de… quand on voit la propre tante de Suzy la considérer comme une simple larbin dans son deux pièces à Paris ? La grande différence ici, c’est que les patrons ne sont pas des français…
Joséphine Ndagnou a sûrement réalisé les envies de plusieurs immigrés en France. Démontrer que « bengue », expression qui désigne le paradis en France, n’est pas si doux qu’on peut le penser. Ce film pourra-t-il détruire ce mythe de l’occident ? Il pourra au moins y contribuer et apporter une réflexion sereine et dépourvue de rêves….
A ne pas manquer la dernière séance de Paris à tout prix : Cinéma Baubien , Jeudi 23 avril à 18h15
Comme elle le dit dans l’interview, la solution est politique!! Les élites africaines doivent prendre en main le problème… Il est temps de passer à l’action. Après les indépendances, dans les années 60, l’objectif premier était l’éducation des peuples africains naissants, des jeunes nations africaines. Même si elle n est pas complete dans les campagnes du continent, les choses ont avancé. Aujourd’hui, il faut retenir tous ces cerveaux, c est ca le problème. Les jeunes diplômés africains courent les rues de Dakar, de Yaoundé, de Lomé, d’Abidjan… Mais ils n’ont pas de travail!!…
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