Mansa Sissoko et Jayme Stone étaient de passage sur les planches du club Balattou à l’occasion du festival international de Nuits d’Afrique. Un duo qui fait vivre son projet, allier banjo et kora. Touki Montréal vous fait revivre ces « retrouvailles ».
Ilan Dehé
30, c’est le nombre de cordes sur scène. Toutes ont été grattées, frottées et pincées sans relâche par les doigts du joueur de kora malien Mansa Sissoko, le banjoïste torontois Jayme Stone et le contrebassiste. Le tout rythmé par un batteur et percussionniste en grande forme.
Un banjo qui joue avec une kora semble être une rencontre inédite. Si c’en est une, c’est aussi un retour aux racines pour le banjo. L’instrument nord-américain serait un dérivé du luth ouest-africain, ekonting, apporté par les esclaves noirs dans le Nouveau Monde. De ce fait, le banjo peut être considéré comme un lointain cousin de la kora et peut-être même un frère.
La retrouvaille instrumentale est une vraie trouvaille musicale permise par Jayme Stone et Mansa Sissoko. Ensemble, le banjoïste et le griot ont fait vibrer un club Balattou rempli jusqu’à ras bord. Au fil des chansons de leur album Africa to Appalachia, récompensé du Juno 2008 en musique du monde, le public se laisse guider les yeux fermés. Le quatuor emmène les spectateurs dans des rythmes traditionnels africains par la kora, mêlés de bluegrass via le banjo et une touche jazzy assurée par les vibrations de la contrebasse et les temps marqués par la batterie.
Quand le banjo et la kora ne se répondent pas, ou ne vibrent pas à l’unisson, c’est la voix sereine du griot Mansa Sissoko qui se pose sur le son incisif et aigu du banjo contrasté par la vibration sourde de la contrebasse.
Virtuoses de leurs instruments Jayme Stone et Mansa Sissoko, par leur complicité sur scène, prouvent que banjo et kora parlent la même langue et ont beaucoup à raconter. Un peu comme deux frères qui ne se seraient pas vu depuis de longues années…