L’art de jouir de la foule

En ce début des Francofolies 2009, Spleen jouait les 30 et 31 juillet, d’abord sur la scène Monde Urbain, puis au Cabaret Juste pour rire. Touki Montréal revient sur ces performances.

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C’était le jour d’ouverture des Francofolies 2009. Plusieurs centaines de curieux s’étaient rassemblés devant la scène Monde Urbain pour voir cet artiste français d’origine camerounaise qui s’amuse à mélanger folk et funk sur fond de puissantes rythmiques hip hop.

Spleen est un individu atypique. Poète romantique aux allures de rasta, il incarne un certain mal être, propre à une génération désabusée des maux de notre société. Toute cette détresse, il la canalise sur scène et dégage ainsi une énergie considérable dès son apparition.

Touki Montréal- Spleen aux Francofolies- Photo Ilan Déhé
Touki Montréal- Spleen aux Francofolies- Photo Ilan Déhé

« Un moment doux ou on s’emballe ? »

Accompagné de quatre musiciens, Spleen a livré un spectacle assez déchaîné. L’apport de la batterie a donné une dimension plus rock que sur album. La voix du rappeur est passée des cris de rage à un registre plus soul, le tout parsemé d’une touche de « beat boxing« . Ses textes lyriques ont laissé planer un côté romanesque. Il n’a en effet pas hésité à partager ses émotions, notamment sur Tu l’aimeras, où l’on pouvait ressentir toute l’angoisse relationnelle de l’artiste. Il a d’ailleurs confié plus tard à Touki que les paroles des chansons jouées ce soir-là étaient assez tristes.

C’est dans une ambiance beaucoup plus feutrée que s’ouvrait, le lendemain, sa performance au Cabaret Juste pour rire. Le Francilien a débuté dans une salle peu comblée par la mélancolique Don’t look back. Au fur et à mesure des chansons, il retrouvait cette énergie qu’est la sienne alors que l’audience se remplissait. Apparemment moins à l’aise que la veille, il confessait ensuite à Touki qu’il était « difficile de jouer devant une foule qui ne vient pas pour toi », en référence au groupe québécois Movèzerbe, avec qui il partageait l’affiche.

Spleen ne sera pas passé inaperçu lors de ce festival. Une pointe de narcissisme diront certains, un peu de cynisme penseront d’autres ou tout simplement la recherche de ce personnage qui pourra extérioriser cette souffrance interne tout en soulevant les foules. Spleen est en fin de compte un quelqu’un qui vit pleinement sa musique et ses textes, et il l’aura parfaitement démontré durant son passage à Montréal.

Nicolas Roux

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