Est ce possible de résumer la problématique africaine en moins de deux cents pages ? Voilà le défi que s’est lancé Gerald Caplan avec l’ouvrage L’Afrique trahie. Une analyse pertinente, à découvrir sur Touki Montréal.
L’Afrique est dans une situation critique. Sida, guerres incessantes, extrême pauvreté témoignent de l’étendue des défis que doit surmonter le continent. Comment une terre si riche est paradoxalement arrivée à cet état tragique ? Qui est à mettre au banc des accusés ? Gerald Caplan apporte un élément de réponse et met en cause, dans une large mesure, la politique d’asservissement mise en place par les Occidentaux depuis plusieurs centaines d’années.
Le drame africain débute au XVe siècle avec la traite des Noirs, décrit l’auteur. Un moment crucial, dont l’Afrique ne se remettra jamais. Le début de la colonisation confirme l’escalade d’événements dont le but ne sera finalement que l’exploitation intensive du territoire pour la solde des pays européens. Si le départ des grandes puissances coloniales laisse apparaître un soupçon d’espoir, l’écrivain précise que ce ne sera seulement qu’une désillusion qui ne changera que très peu la donne.
Gerald Caplan se montre en effet très critique vis-à-vis de l’attitude actuelle des anciens colonisateurs. Il parle de néo-colonialisme pour dénoncer l’ingérence dans les affaires internes du continent ; il dénigre notamment le rôle néfaste d’institutions telles que la Banque mondiale ou le Fonds Monétaire International.
L’Afrique est maintenant devenue un continent où règnent de terribles inégalités. Alors que quelques milliers de nantis ont une fortune estimée à plus de quatre cent milliards d’euros, les habitants de nombreux bidonvilles doivent vivre au milieu d’égouts à ciel ouverts, dans des conditions sanitaires minimalistes. Par ailleurs, si la femme du Royaume-Uni peut jouir d’une espérance de vie de 80 ans, la femme africaine meurt en moyenne à 46 ans.
Oui, l’Afrique a été trahie. Trahie par les Occidentaux, mais aussi par les dirigeants locaux qui ont privilégié leur profit personnel au détriment du développement de leurs nations. Ils ont démontré leur incapacité chronique à gouverner sainement et à éradiquer l’influence négative des grandes puissances économiques.
Loin d’avancer une simple approche stérile, Gerald Caplan met l’accent sur la nécessité d’un changement d’attitude de part et d’autre, afin que l’Afrique sorte un jour du fléau dans lequel elle se trouve. Avec l’émergence de la Chine, l’auteur annonce un nouveau cycle dont l’impact est encore trop récent pour en mesurer les conséquences. Avec son style clair et concis, L’Afrique trahie constitue une excellente introduction aux problèmes auxquels le continent doit faire face. A lire absolument.
L’Afrique trahie, 188 pages, traduit de l’anglais par Elodie Leplat.
A paraître en version française le 19 octobre 2009.
Nicolas Roux