« Voici l’histoire de Mimoun, fils de Driouch, fils d’Allal, fils de Mohamed, fils de Mohand, fils de Bouziane, que nous appellerons simplement Mimoun. » Toute une lignée de patriarches dont l’arrêt de mort est signé par la rébellion de Mimoun, le fils chéri.
Le dernier patriarche, premier roman de Najat El Hachmi, relate l’histoire de Mimoun, un homme violent et despote, qui défie les lois du patriarcat. Il immigre avec femme et enfants. Du Rif, au nord du Maroc, il se retrouve entrepreneur en construction en Catalogne, région méditerranéenne de l’Espagne.
L’auteure – gagnante du prix des lettres catalanes, Ramón Llull, en 2008 – réussit dans cette saga anti-épique à transmettre une part de la tradition orale berbère. En racontant certains points tournants de la trajectoire de Mimoun, le lecteur comprend les valeurs et la mentalité de ce villageois propulsé dans une société occidentale par la suite.
Fossé entre les générations et confrontation entre une société libérale et une mentalité traditionnelle : c’est dans ces eaux troubles que navigue la fille de Mimoun. Avec un humour décapant, elle met en évidence les contradictions de son père. Alcoolique et coureur de jupons, il n’hésite pas à user de violence avec sa femme et sa fille pour les obliger à être «décentes».
Comment grandir dans une famille où tout tourne autour de ce patriarche déchu ? La fille de Mimoun se rebelle elle aussi dans une ultime trahison qui posera les balises de ses premiers pas vers la libération. Roman de mœurs, roman d’initiation, Najat El Hachmi a écrit une saga dans la veine de celle des Buendia de Cent ans de solitude.
Najat El Hachmi, Le dernier patriarche, Actes Sud, 2009.
Sarrah Osama