En plein cœur du Caire, un immeuble se dresse, imposant, vestige d’une époque grandiose de l’Égypte. Construit par le millionnaire Hagop Yacoubian en 1934, l’immeuble auquel il donna son nom représente la mode Art Déco de l’époque. Somptueux à l’époque, l’immeuble a aujourd’hui perdu de sa superbe.
C’est de cette nouvelle réalité que le film L’immeuble Yacoubian fait état en suivant le parcours de plusieurs personnages au destin trouble, tantôt heureux, parfois dramatique. Adapté du roman du même nom d’Alaa Al Aswany (2002), le film est scénarisé par Wahid Hamed, et réalisé par Marwan Hamed.
Le film de trois heures, à travers ses nombreux personnages aux vies complexes, mais émouvantes, rend un bel hommage à l’ancien vestige de l’âge d’or du Caire. Se promenant d’un appartement à l’autre, le spectateur a tout le loisir d’observer la grandeur de ce qu’a été l’immeuble Yacoubian. La ville du Caire est également bien montrée, surtout avec les scènes de manifestations, particulièrement bien réussies.
Le film réunit la crème des acteurs égyptiens. En tête de liste, Adel Imam dans le rôle du pacha Zaki Dessouki, qui signe au passage son 118e long-métrage. Vieux et vivant de son héritage, Dessouki passe ses journées au bar du coin, reluquant les jeunes femmes.
Sa sœur Daoulate (Essad Youniss), folle à lier, l’expulse de leur appartement du célèbre immeuble. Il se liera alors d’amitié avec Bouthaïna (Hind Sabri, sobre et juste), qui habite le toit. Confrontée à des partons ignobles, mais obligée de travailler, la jeune fille trouvera chez le pacha le respect tant recherché.
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La longueur du film (3 h) n’y paraît pas, tant la vie des personnages est palpitante et nous entraîne dans tous les recoins de l’immeuble et de la ville. Chacun dans son univers, qui dans le luxe, qui dans la politique, qui dans la guerre. Les acteurs sont touchants (surtout Adel Imam), l’image est impeccable et, après quelques minutes, un sentiment envoûtant invite à poursuivre l’aventure incroyable de cet immeuble qui vit presque de lui-même.