Mars 1960. L’Algérie n’est plus Française, mais pas encore Algérienne. Jacques Ferrandez, auteur de BD est né à Alger, cinq ans avant cette période qu’il décrit minutieusement dans le dernier tome de la serie Carnets d’Orient publié chez Casterman.
En 64 pages, le lecteur suit Octave, le personnage principal en Algérie — sa terre natale — après un séjour au Canada avec sa bien-aimée Samia. Capitaine de l’armée française, Octave vacille comme plusieurs de l’époque entre la France du général de Gaulle et l’idée d’une Algérie indépendante défendue par le Front de libération nationale (FLN).
Sans nécessairement choisir un côté, Ferrandez raconte simplement la naissance de l’Algérie et s’appuie sur plusieurs faits historiques. Plusieurs une de journaux sont par exemple reprises, mêlant à la fois fiction et imaginaire d’un auteur à la réalité d’une histoire désolante qui comme tout massacre aurait sans doute pu être évité. Et Ferrandez le fait très subtilement, comme le souligne très bien d’ailleurs l’écrivaine Maïssa Bey dans la préface de l’album : « Jacques Ferrandez ne propose pas de réponse. Il ne juge ni ne condamne. Il se fait l’écho des anonymes qui ont traversé une histoire bruissante du tumultes mêlées. »
Plus qu’une histoire, Terre Fatale et la série Carnets d’Orient se veulent un moyen de réconcilier un peuple : « Que vienne la parole pour réconcilier les mémoires… alors seulement pourrons nous regarder notre histoire en face. Alors seulement la guerre sera finie… » explique Maïssa Bey, toujours en préface.
Pour le dernier épisode, Casterman a réalisé un petit reportage (La jeunesse d’une saga) sur l’auteur, sur sa technique ainsi que sur toute la série. Sept minutes pour convaincre les plus sceptiques de passer au travers de l’Intégrale, qui réunit en un volume unique les cinq premiers tomes de la série (de Carnets d’Orient au Cimetière des princesses).
Carnets d’Orient, Jacques Ferrandez, Casterman, 64 pages, 2009.