Fidèle à la tradition nomade des Touaregs du Sahara, revoilà Tinariwen sur la route pour la promotion de leur tout nouvel album, Imidiwan. Après une récente tournée en Amérique du Nord qui avait malheureusement négligé le Québec, ils étaient de passage à Londres, en Angleterre. Touki ne les a pas manqués.
Tinariwen est un de ces groupes de musique qui se sentent chez eux sur n’importe quelle scène. En cette soirée du 25 octobre 2009, ils n’ont pas failli à leurs habitudes et ont transporté la salle Koko, durant plus d’une heure trente, en plein milieu du Sahara.
Invité de dernière minute, le groupe éthiopien Krar Collective ouvre le bal. Pendant plus d’une demi-heure, la formation de trois musiciens et quatre danseurs réussit à chauffer la salle grâce à leurs danses très théâtrales et aux charmantes mélodies de leur instrument fétiche, une harpe typiquement éthiopienne, le krar. Une performance donc probante, d’un groupe à suivre de très près.
C’est sous des lumières bleues tamisées que Tinariwen fait son apparition sur scène. Vêtus de tenues traditionnelles touarègues, ils lancent sans délai l’ambiance avec le rap de Tenhert. Quelques mesures suffisent pour convaincre une foule immédiatement séduite.
La musique de Tinariwen peut passer tout en finesse d’un tempo déchaîné à la douceur d’une brise d’été. Leur performance ce soir suit ainsi cette coutume. Après un début effervescent, le leader naturel du groupe, Ibrahim Ag Alhabib, se présente enfin sur la scène et apaise l’atmosphère avec la très bluesy Assuf Ag Assuf.
Beaucoup de chansons jouées ce soir sont issues de leur dernier opus, Imidiwan. Les chanteurs se succèdent, les solos de guitare régalent la foule qui se retrouve totalement envoûtée sur les rythmiques de Kel Tamashek, présentée par le groupe comme un chant traditionnel pour la danse du chameau. Quelques titres classiques se font également entendre, notamment Cler Achel qui clôture une performance qui aura répondu à toutes ses attentes.
Tinariwen ont montré une fois de plus tout leur talent d’artistes. C’est un groupe qui vit pleinement sa musique, et les voir en concert constitue toujours une expérience à part. Ils ont émerveillé par leur jeu de scène et leurs danses légères, bien loin du clinquant des chorégraphies à l’Américaine. Un vent du Ténéré planait donc ce soir dans la salle, soufflant au public un air de béatitude. Le chanteur Abdallah Ag Alhousseyni en a d’ailleurs profité pour lancer une grande invitation aux nombreux festivals sahariens, le rendez-vous est pris.
Nicolas Roux