L’audace. C’est le leitmotiv de la 10e édition du Festival du Monde Arabe de Montréal. C’est aussi une qualité propre aux 11 artistes qui ont animé le spectacle « Oser être soi », dimanche 8 novembre, à la Place des Arts. En mêlant les rythmes et les disciplines, ils ont conjugué avec brio leurs cultures orientales et occidentales.
Racines libanaise, algérienne, tunisienne, bosniaque… La relève montréalaise sera métissée ou ne sera pas ! C’est l’idée qu’a voulu mettre en scène la jeune directrice artistique Paméla Kamar de Vision Diversité. En musique, chanson, slam et danse, ces jeunes audacieux ont raconté comment, à travers leurs multiples cultures, ils avaient réussi à être eux-mêmes.
La mémoire de mes racines
« Acadienne et libanaise, je suis culture montréalaise, et par les reflets de nos miroirs, ce soir, je conte notre histoire. Je chanterai de plusieurs voix, comment oser être soi. »
Rita Tabbakh était la maitresse de cérémonie de la soirée. Conjuguant poésie, chant et danse, elle a récemment renoué avec ses origines orientales en interprétant la sensuelle Sherazade dans le spectacle musical Les mille et une nuits.
Célébrer ce que l’on est
« J’ai longtemps eu la sensation de n’appartenir à rien, de venir de nulle part. Je me posais plein de questions. Je n’avais pas des racines solides, car il y a toujours eu plein de guerres dans ma vie. Est-ce que j’étais canadienne, bosniaque, algérienne ? Je ne savais plus ! Alors, un moment donné, au lieu de me battre contre mes origines, j’ai décidé de mettre tout cela ensemble pour célébrer cette richesse. »
Inka Hadzismajlovic est danseuse et comédienne. Originaire de Bosnie, elle a grandi en Algérie pour ensuite migrer en Amérique du Nord. Elle réside à Montréal depuis un mois.
S’ouvrir à toutes les cultures
« Oser être soi ? Ce n’est pas toujours évident, et souvent les gens n’arrivent pas à comprendre ce que je suis. Je suis italien de naissance, algérien d’origine et québécois d’adoption ! Je fais partie d’un monde arabe très ouvert sur les autres cultures. J’essaie d’effacer les clichés, dans un sens comme dans l’autre. »
Tacfarinas Kichou est le percussionniste du groupe Labess. Sur scène, il est aussi à l’aise avec un cajón péruvien qu’une derbuka arabe ou encore un bendir maghrébin.
S’accepter sans compromis et sans complexe
« Oser être soi ? C’est respecter les deux côtés de ma culture. Je suis tunisienne, mais je suis aussi québécoise. Il n’y a pas d’accommodements à faire ! C’est aussi accepter et transmettre toutes ces différentes facettes de personnalité que l’on a. Sans complexer de ne pas rentrer dans le moule. »
Queen Ka est comédienne, metteur en scène et slameuse. Celle qu’on surnomme parfois la reine berbère est avant tout une passionnée des mots.
Je suis d’ici et je suis d’ailleurs
« Après tous ces questionnements qui perdurent
J’ai compris que je n’avais pas à choisir entre mes deux cultures,
Qu’elles n’avaient pas à se soustraire, bien au contraire
Elles forment plutôt une addition,
Faisant ici de vous, de moi et de tous mes compagnons La prochaine nation. »
Queen Ka.
Leslie Doumerc