Invictus* (invincible en latin) retrace le combat de Nelson Rolihlahla –Madiba– Mandela. Non pas celui de ses 27 années de prison ou sa lutte contre ce système horrible et indescriptible qu’était l’apartheid. Le dernier opus de Clint Eastwood revient plutôt sur une autre bataille qu’à dû mener le prix Nobel de la paix, au lendemain dès premières élections libres d’Afrique du Sud (1994).
Dans ce biopic adapté du livre éponyme du journaliste britannique John Carlin, Nelson Mandela aurait misé sur la coupe du monde de rugby de 1995 tenue en Afrique du Sud pour réconcilier les deux solitudes du pays. Noirs et blancs. S’appuyant sur François Pienaar (Matt Damon), capitaine des Springboks — l’équipe nationale de Rubgy — Mandela (Morgan Freeman) démontrera que sport et politique font parfois chambre commune. Dans les gradins à l’époque, seuls les blancs supportent les Sprinboks tandis que les noirs soutiennent les équipes adverses…
Dans la peau de Mandela, l’acteur américain Morgan Freeman (The Dark Knight, Million Dollar Baby ) étonne et surprend. Le rôle du leader américain lui sied comme un gant (démarche, accent, expression faciale). D’autant que Mandela a toujours souhaité que seul Morgan Freeman campe son rôle au cinéma.
Son autobiographie A Long Walk to Freedom n’a toujours pas été adaptée au cinéma, mais l’occasion était belle pour Morgan Freeman. Il retrouve d’ailleurs Clint Eatswood avec qui il avait partagé l’écran dans Million Dollar Baby et qui signe ici son trentième long métrage (Gran Torino, Changeling, Flags of Our Fathers).
Les amoureux du ballon ovale ne seront pas déçus. Ils auront l’occasion de voir quelques belles scènes (parfois longues) de leur sport préféré. Touche, mêlée ainsi que l’essai victorieux de Chester Williams contre les All blacks de Nouvelle-Zélande combleront les férues de rugby.
Invictus fait aussi partie des favoris à la prochaine cérémonie des Golden Globe (17 janvier 2010) avec ses quatre nominations (meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur dans un film dramatique, meilleur acteur dans un rôle de soutien).
À quelques mois de la première coupe du monde de football sur le continent africain, Invictus rappelle que l’Afrique du Sud n’est plus cette terre d’injustice divisée entre deux sociétés hermétiques.
Est-ce qu’aujourd’hui comme hier (1996, Coupe d’Afrique des nations) ou avant-hier (1995, coupe du monde de Rugby), l’Afrique du Sud devra passer par le sport pour assurer son avenir ?
* Invictus est un poême de William Ernest Henley qui a longtemps inspiré Nelson Mandelà lors de son séjour à la prison de Rhode Island
À lire : Invictus de John Carlin, paru aux éditions Ariane, 256 pages, 2009
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Stéphane Waffo