Dans L‘Afrique au secours de l’Afrique, la dénonciation du sort tragique du continent sert à un plaidoyer pour un renouveau politique et économique. A travers une explication de texte en bonne et due forme, l’analyse de Sanou Mbaye est remplie d’espoir.
Ancien haut fonctionnaire de la Banque Africaine de développement, Sanou Mbaye offre dans son essai une vision très large d’un plan global de remise en marche du continent africain. Dans une première partie, l’auteur fait une liste exhaustive des éléments ayant mené à une situation tragique qu’il ne manque pas de décrire. Il dénonce la Françafrique, le poids exercé par le FMI et l’OMC, la dette des pays africains, la pauvreté grandissante, la corruption des dirigeants ou la fuite des cerveaux. Si pour certains, cette partie n’apportera pas de nouvelle analyse, elle a le mérite pour d’autres lecteurs de faire un rappel très documenté.
Dénoncer ? Sanou Mbaye ne s’arrête pas là. C’est un véritable programme politique qui est offert dans son essai. L’auteur prone le renforcement de l’Union Africaine. Cet organisme créé en 1999 a remplacé l’OUA ( Organisation de l’unité Africaine). L’UA comptait en 2009 près de 53 membres. Pour Sanou Mbaye, le développement de l’Afrique doit passer par un renforcement de l’Union Africaine.
Il donne plusieurs solutions assez innovantes dont la création d’une confédération panafricaine des producteurs de matières premières. Pour régler le problème de la dette, c’est selon Sanou Mbaye l’UA qui devra se saisir du dossier : « elle devra mandater un cabinet d’audit de réputation établie pour déterminer le montant réel de la dette car les pays africains, se satsfaisant des chiffres avancés par les bailleurs, ne sont pas en mesure de connaître l’encours de leur dette. » Proposition assez inhabituelle dont l’auteur cite la jurisprudence. En 2003, l’Argentine a osé « braver » le FMI en ne remboursant pas ses dettes.
Plusieurs autres solutions paraissent logiquement nécessaires mais fort peu réalisables dans l’immédiat. Sanou Mbaye prone entre autres le changement des mentalités des équipes dirigeantes, la défense de l’environnement et la production d’énergies propres. Il rappelle aussi trop rapidement le rôle du nouvel acteur qu’est la Chine sur le continent Africain.
Malgré ces appréhensions, cet essai est nécessaire car il a le mérite d’offrir un programme, une voie bien tracée. Et peut-être qu’un jour, effectivement, les Etats-Unis d’Afrique existeront autrement qu’à travers les lignes du roman du même nom.
Charles Mathon
A relire : Noir Canada, de Alain Deneault