Depuis plusieurs années, à la lumière d’Hollywood et de Bollywood en Inde, un marché cinématographique appelé Nollywood a pris place au Nigéria. Le documentaire Nollywood Babylon révèle les dessous de cette industrie qui diffuse plus de 2500 films par an.
Nollywood associe le « N » de Nigéria et le « Ollywood » d’Hollywood. Réalisé par Ben Addelman et Samir Mallal, Nollywood Babylon reflète une réalité beaucoup moins ravissante que prévue. Car si Nollywood fonctionne très bien grâce à la vente des films dans les rues de Lagos, la capitale du Nigéria, il est aussi victime de son succès. A travers les yeux de Lancelot Oduwa Imasuen, ce réalisateur de 36 ans aux plus de 150 films, le cinéma nigérian perd de sa qualité tout en s’affirmant. Car pour Lancelot, le cinéma doit avant tout prendre sa place à travers les yeux des Africains et du monde entier.
Il prendra l’exemple du jeu des acteurs parfois éxagéré pour un Occidental mais qui reflète une réalité de la société au Nigéria. Les Nigérians veulent voir ce qu’ils vivent. Et surtout, ils adorent voir les histoires remplies de drame familial, de vaudou ou de sorcellerie. « Nollywood est devenu la voix de l’Afrique, la réponse à CNN », explique Lancelot. En produisant activement tout au long de l’année, Lancelot est passionné par son métier. Il se place au plus proche des habitants de Lagos. Vaudou et sorcellerie sont eux rattrapés par l’évangélisme au Nigéria. A un tel point que les églises font partie des meilleurs investisseurs dans la production.
Le travail de Ben Addelman et Samir Mallal est très poussé. Il surprend car on aurait pû s’attendre à une simple visite dans les coulisses de Nollywood. Au contraire, les réalisateurs sont retournés aux racines du cinéma Nigérian, en allant chercher des intervenants plus que pertinents. La construction du documentaire est faite de sorte que chaque élément apporté nous ramène vers une réelle découverte. Et surtout, on en ressort avec de nombreuses questions pour l’avenir. Un sentiment partagé entre le respect d’une industrie qui prend sa place et la tristesse de voir qu’elle ne peut pour l’instant se consacrer à du cinéma d’auteur. On espère un jour voir de très très belles surprises.
Dans le cadre du mois de l’histoire des noirs, la Cinérobothèque de l’ONF organise ce mardi 2 février une ciné-rencontre. Nollywood Babylon y sera diffusé et sera suivi d’un débat avec Damien Chalaud, coordonnateur au festival Vues d’Afrique et Erica Pomerance, réalisatrice et coordonnatrice d’Initiative Taling Dialo.
D’autres films seront aussi accessibles grâce à la sélection de l’ONF. Pour les films nigérians, il est possible de s’en procurer dans des boutiques africaines à Montréal.
Charles Mathon