Revue de presse : Semaine du 1er février 2010

Chaque semaine, Touki Montréal vous fait faire un petit tour du continent africain à travers sa revue de presse. Tour à tour, nous nous intéresserons à des enjeux sociaux, politiques, économiques, médiatiques, scientifiques ou encore culturels.

La Ferme célébrités : l’Afrique, terre hostile ?

La chaîne de télévision française TF1 suscite de vives réactions en diffusant La Ferme célébrités en Afrique. L’hebdomadaire Jeune Afrique a notamment publié un éditorial cinglant à l’égard des investigateurs de ce programme, leur reprochant de dépeindre l’Afrique à travers des clichés colonialistes.

crédit photo : Arno Meintjes, Flickr

La Ferme célébrités est une émission de téléréalité mettant en scène des vedettes (ou ex-vedettes), vivant dans des conditions précaires, loin des strass et des paillettes. Cette fois-ci, TF1 a choisi de quitter la campagne française pour envoyer seize personnalités en Afrique du Sud, dans la réserve naturelle de Zulu Nyala. Notons, qu’une Québécoise fait partie des candidats: la chanteuse Claudette Dion, la sœur de Céline.

Dès la première émission, le ton est donné : « Ça pique, ça gratte, ça chatouille et parfois ça mord », lance un des deux animateurs en guise de présentation. La mise en scène sur le plateau est aussi criante de stéréotypes : calepins « léopard », peaux de zèbres au sol et tam-tams retentissants. L’animateur qui se trouve en Afrique du Sud en rajoute aussi de son côté en faisant remarquer avec insistance qu’ils ont l’électricité là-bas.

Pour Pap Ndiaye, auteur de La condition noire (Calmann-Lévy, 2008) interviewé par le quotidien Libération, cette émission reprend des stéréotypes binaires développés pendant la période coloniale : d’un côté l’Afrique idyllique avec ses beaux paysages et de l’autre, l’Afrique dangereuse avec ses prédateurs.

Est-ce que ce cliché de l’Afrique tiendra en haleine les téléspectateurs français pendant les dix prochaines semaines ? Si on en juge au nombre des membres du groupe Facebook «Pardon à l’Afrique de leur envoyer 16 connards dans une ferme », soit 356 772 (au moment d’écrire des lignes), TF1 a du souci à se faire.

Sources : Libération, Arrêts sur image, Métro France, Jeune Afrique.

Pour aller plus loin : une réflexion sur le retour de la « télé Banania » dans Rue 89.

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Coup dur pour la presse indépendante au Maroc

Le 27 janvier dernier, le Journal Hebdomadaire, premier média indépendant marocain fondé en 1997 par Aboubakr Jamaï et Ali Amar a été fermé pour cause de liquidation judiciaire. La publication avait effectivement contracté une dette de 5 millions de dirhams (environ 662 000 dollars canadiens) auprès de la sécurité sociale marocaine (CNSS) et la direction des impôts.

crédit photo : Dores, Flickr

Mais selon Ali Amar, cet endettement considérable n’est pas dû à une mauvaise gestion, il résulte plutôt d’un boycott publicitaire dont a été victime le journal. Aboubakr Jamaï parle même d’asphyxie financière.

Depuis sa création, la vie du Journal hebdomadaire n’a pas été un long fleuve tranquille. En 2000, il ferme une première fois après un décret du pouvoir, pour renaître l’année suivante. En 2007, le Journal est contraint de verser près de 400 000 dollars canadiens en dommages et intérêts à Claude Moniquet, l’expert franco-belge en terrorisme pour avoir affirmé que son rapport sur le Front Polisario avait été commandé par le Palais royal. Cette affaire pousse Aboubakr Jamaï à s’exiler aux Etats-Unis.

Il est de retour au sein de la rédaction en 2009 avec une ligne éditoriale inchangée : « La société marocaine est mûre pour la démocratie et le roi doit répondre de ses actes ». Jusqu’à ce jour du 27 janvier, où en plein bouclage éditorial, les huissiers ont débarqué. Mais même après ce coup fatal, les artisans de ce fleuron de la liberté de presse au Maghreb ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. En effet, des réflexions seraient en cours pour ressusciter le journal.

Sources : Rue 89, Tel Quel, Libération, L’Express, Reporters sans frontières

Pour aller plus loin : Ce qu’en pense le politologue français jean Zaganiaris dans le quotidien Libération maroc.

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Présidentielles au Togo : Un adversaire de Gnassingbé écarté

Le 28 février prochain, les Togolais se rendront aux urnes pour choisir leur nouveau président. Jusqu’au 2 février dernier, le président sortant Faure Gnassingbé avait un adversaire de taille en la personne de Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d’État de François Mitterrand. Mais ce jour-ci, coup de théâtre : la Cour Constitutionnelle togolaise a invalidé sa candidature pour « irrégularités relatives aux certificats de naissance et de nationalité ».

crédit photo : Elentir, Flickr

Sur des documents français, la Cour a relevé comme date de naissance de Kofi Yamgnane, le 11 octobre 1945 et sur des papiers togolais, le 31 décembre 1945. Son président, Aboudou Assouma a estimé que cette confusion sur l’identité de la personne risquait de fragiliser la sécurité juridique et judiciaire inhérente à la magistrature suprême du pays.

Selon Kofi Yamgnane, le rejet de sa candidature est purement politique. Sa participation au scrutin aurait pu priver le président sortant de nombreux votes dans le nord du pays d’où les deux candidats sont originaires.

Six autres aspirants présidents sont toujours dans la course, mais à présent les chances de réélections de Faure Gnassingbé sont grandes. Les partisans de Kofi Yamgnane n’ont toutefois pas dit leur dernier mot, ils organisent le 6 février une manifestation dans les rues de Lomé pour protester contre le rejet de leur candidat.

Sources : Le Monde, Togo République togolaise, Agence France Presse, Jeune Afrique, letogolais.com

Pour aller plus loin : Entrevue de Kofi Yamgnane sur togosite.com le 30 janvier 2010, avant le rejet de sa candidature.

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