En déclarant son indépendance en 1960, le Cameroun a ouvert la voie à l’émancipation du continent africain. Pour commémorer cet événement historique, Arte Reportage a élaboré un webdocumentaire en 12 épisodes pour découvrir l’Afrique d’aujourd’hui : Afrique : 50 ans d’indépendance. Touki Montréal a visionné les deux premiers épisodes : le Cameroun et le Sénégal.
« Ceci n’est pas un documentaire, c’est une invitation au voyage. » peut-on lire sur le site d’Arte. En effet, chaque épisode est une véritable rencontre avec un hôte qui nous emmène aux quatre coins de la capitale de son pays durant une journée complète. À cet aspect convivial s’ajoutent des capsules plus didactiques, où économistes, sociologues et historiens posent un regard éclairé sur la situation de ces pays.
Le voyage peut être court ou long selon le choix de l’internaute car c’est lui qui choisit son parcours. Ainsi il peut suivre l’itinéraire de la journée ou faire des sauts dans le temps selon ses intérêts. Il peut aussi à de nombreuses reprises approfondir des sujets en cliquant sur les bulles de type bande dessinée qui ponctuent le reportage de temps à autre.
Premier arrêt : le Cameroun avec le duo de rappeurs Ak sang grave
Ak Sang Grave, c’est un groupe de hip-hop camerounais né, il y a 15 ans dans un quartier de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Deux de ses membres : Rezboo et Eboo nous y accueillent chaleureusement. Avec eux, nous visitons un petit café, le Monument de la Réunification, le Boulevard du 20 mai (anciennement appelé Boulevard de l’indépendance), une banque de micro crédit, une école de communication et de journalisme, le foyer d’un jeune couple, le studio de répétition du groupe et le café culturel, lieu de réunion et de diffusion qu’ils ont créé car « c’est difficile de vivre seulement de la musique », disent-ils.
Les deux rappeurs portent un regard très critique sur leur pays. Pour eux, l’Occident a toujours la main mise sur leurs dirigeants. Ils parlent « d’indépendance de pacotille », se demandant si l’Afrique profite vraiment de ses richesses. Ils comparent l’Afrique et l’Asie : « Pourquoi l’Asie a t-elle tant avancé technologiquement ? C’est parce qu’elle s’est prise en main ! Il faut arrêter de tendre la main », affirment-ils. Ces problématiques se retrouvent dans leurs chansons qui font aussi office de trame sonore pour l’épisode.
Deuxième arrêt : Le Sénégal avec Moussou, taxi sister
Moussou Koro Diop fait partie d’une nouvelle génération de chauffeurs de taxi exclusivement féminine : les taxi sisters. Elle est le guide de cet épisode mettant en vedette la ville de Dakar, capitale du Sénégal. Pour commencer, Moussou nous emmène visiter un monument controversé : la Statue de la Renaissance, puis nous la suivons au marché où pullulent légumes, épices et poissons. À la place du Tirailleur Sénégalais, Moussou nous propose une pause instructive avec l’historien sénégalais Ibrahim Thioub, puis nous escorte jusqu’à la Place de l’Indépendance.
Dans l’après-midi, nous croisons de jeunes lutteurs s’entraînant sur la plage et nous nous rendons chez un coiffeur indépendant. Suivent la visite du siège du journal Le Quotidien, une pause au Festival du film de quartier, un concert de la star nationale Youssou N’Dour et pour finir Moussou nous accueille chez elle pour discuter de la place de la femme dans la société sénégalaise. Le parcours choisi offre une grande variété de perspective sur le Sénégal d’aujourd’hui : historique, politique, culturelle, gastronomique, économique, médiatique ou sociale.
Critique :
Les deux premiers épisodes de cette série de web-documentaire sont vraiment réussis. Côté technique, Interval a élaboré une plate-forme web très attractive permettant une navigation accessible à tous les internautes. Seul bémol : les bulles sur lesquelles on peut cliquer pour approfondir un sujet disparaissent trop vite de l’écran.
Sur le plan visuel, on peut dire que l’on est très proche du documentaire cinématographique. Les gros plans colorés côtoient des plans d’ensemble dépaysants à souhait. Le fait que l’internaute puisse se créer son propre voyage est très intéressant, néanmoins deux bonnes heures sont nécessaires si on veut profiter de l’itinéraire complet avec tous les bonus. Un temps que peut-être on prend difficilement sur internet.
Après le Cameroun et le Sénégal, dix autres pays seront visités au cours des dix prochains mois : le Tchad, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Gabon, la Mauritanie, le Niger, la Centrafrique et le Togo.
Pour visionner :
ou
https://independances.tv5monde.com/
(le webdocumentaire a été produit en partenariat avec TV5 Monde)
Pour aller plus loin : le dossier de TV5 Monde sur la décolonisation
[…] MÀJ2: Touki Montréal a aussi écrit sur le sujet. […]