Etran Finatawa : Let’s go!

Formé dans la chaleur du Ténéré nigérien, Etran Finatawa revient avec un troisième opus, intitulé Tarkat Tajje/Let’s Go. Mélangeant traditions wodaabe et touarègue, ce groupe reste fidèle aux ingrédients qui ont fait la réussite de leurs albums précédents. Préparez vous à une expédition au sein des rythmes hypnotiques du Sahara. Ready ? Let’s go !

La région du Sahara est récemment devenue synonyme de grande richesse culturelle. La principale raison réside sans aucun doute dans la popularité de la musique touarègue et notamment le succès du groupe Tinariwen. Si les Touaregs attirent les foules dans le monde entier, leurs voisins Wodaabes sont plus méconnus, bien que leur culture n’en soit pas pour le moins riche. Ces nomades sont en effet réputés pour une beauté naturelle et artistique sans comparaisons, ce qui se ressent dans toute la musique d’Etran Finatawa.

Fait rare, Etran Finatawa est un des seuls dans l’univers musical à combiner les deux héritages, et ce n’est pas un hasard si le nom même du groupe signifie « les étoiles de la tradition ». Ce nouvel album continue ainsi dans la lignée de cette pratique. Les Wodaabes, reconnaissables à leurs peintures sur le visage, apportent leur touche de rythmiques enivrantes et chants aux sonorités atypiques, propulsant les influences touarègues à un tout autre niveau.

Dès les premiers battements de tindé sur Aitimani, on se retrouve d’office sur les starting-blocks. Durant plus d’une heure, le groupe enchaîne des chansons dont la plupart sont construites autour de percussions répétitives et mélodies à la guitare qui vont non sans rappeler la saveur du blues saharien. Une touche plus classique se dégage sur Daandé, tandis que Kalamoujar clos l’album dans une ambiance paisible évoquant un feu de camp sous les étoiles du désert. On regrette néanmoins la diversité qui avait fait le charme des deux prédecesseurs, Introducing et Desert Crossroads.

Grâce à des paroles sagaces, Tarkat Tajje constitue également un véritable pamphlet politique. Aitma (frère) appelle à voir au-delà de nos différences pour se concentrer sur nos points communs en tant qu’humains. Etran Finatawa fait en résumé l’éloge de ceux qui se battent pour de causes nobles, tout en rapportant la dureté des conditions de vie dans le désert, comme sur Diam Walla (pas d’eau).

Lorsqu’il s’agit de musique saharienne, les comparaisons avec Tinariwen vont toujours bon train. Etran Finatawa possède toutefois un son bien personnel qui le distingue entièrement des autres artistes de la région. Avec ce nouvel album, le groupe confirme donc sa particularité mais ne parvient pas à donner la même satisfaction qu’avec ses deux œuvres antérieures. Tarkat Tajje mérite malgré tout sa place chez les amoureux du genre.

Nicolas Roux

Etran Finatawa – Tarkat Tajje/Let’s Go – Riverboat Records

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