Après avoir parlé de l’Inde (India Dreams) et de l’Europe (War and Dreams), Maryse et Jean-François Charles accompagnés de Frédéric Bihel s’attaquent à une nouvelle série, la démystification de la période coloniale. Avec Africa dreams paru chez Casterman, ils reviennent sur le cas du Congo Belge.
Un jeune séminariste — Paul Delisle —, passionné dès son plus jeune âge par l’Afrique et ses mystères, décide d’aller retrouver son père — pourtant mort — sur le continent. On ne parle alors pas encore du Zaïre. Le Congo de l’époque appartient à un seul homme. Un roi. Leopold II, roi des Belges.
« Les Belges craignent le progrès et tout ce qui leur est inconnu », Leopold II, roi des Belges.
Avec leur style moderne, le coup de crayon brulant et karcherisant, les auteurs reviennent sur une période (peu?) glorieuse de la Belgique et triste de la nature humaine, toujours plus colonisatrice.
Premier constat, les contours des dessins sont plus proches de la réalité que ceux de leurs illustres prédécesseurs. Les voluptueuses formes des Africains (bouche et nez), caricaturées par Hergé (Tintin au Congo, également édité chez Casterman) et tant d’autres ont plutôt laissé la place à l’humanité des personnages.
Yeux bleus du Blanc et autres clichés du Noir sont évités, donnant plutôt l’espace à autre chose. L’histoire par exemple. Celle notamment de ces peuples cannibales (« capitas ») engagés autrefois par le colon au Congo dans le but d’atteindre les objectifs de production de l’hévéa. Ou encore de mâter quelconques formes de rébellion ou de syndicalisme.
Africa Dreams comme tant d’autres ouvrages récents témoigne de la maturité de la jeune histoire africaine. 50 ans après les indépendances, il est temps d’en finir avec les tabous et les vérités cachées de cette période. C’est exactement ce que nous propose cette nouvelle série. En outre, elle propose à un public, celui de le BD, qui ne lit par forcement autre chose, de s’intéresser au patrimoine historique de l’humanité.