Reporters Sans Frontières a publié sa liste des prédateurs de la presse dans le monde. Cette année, ils sont 40. « Puissants, dangereux, violents, ils sont au-dessus des lois. », selon RSF. À partir de cette liste Touki Montréal a dressé la liste des prédateurs de la presse africaine.
La liberté de la presse dans le monde et surtout en Afrique avance de façon très sinusoïdale. Et c’est souvent au moment d’échéance électorale ou lorsque le pouvoir en place est en danger que la presse souffre.
Issaias Afeworki, président de la République, Erythrée
Dans ce pays indépendant depuis 1993, « les libertés sont officiellement « suspendues » depuis 2001, après que des voix se sont élevées au sein du parti unique pour réclamer plus de démocratie. »
Yahya Jammeh, président de la République, Gambie
C’est un nom qui revient souvent et pas toujours pour les bonnes raisons. Il s’est déjà illustré en prétendant avoir trouvé le « remède miracle » contre le Sida. Les droits de l’homme, il n’en a cure : « Si vous êtes affiliés à des mouvements de défense des droits de l’homme, soyez assurés que votre sécurité n’est pas garantie (…) Nous sommes prêts à tuer les saboteurs. » a déclaré ce dernier.
Teodoro Obiang Nguema, président de la République, Guinée Équatoriale
La chasse des Camerounais dans son pays (devenu un eldorado du pétrole) est une pratique courante. Pour lui, l’équation est simple. Pas de syndicat, pas d’association de défense des journalistes. Voici ce qu’en pense RSF : « Fin 2009, Teodoro Obiang Nguema a été réélu chef de l’Etat avec pas moins de 96,7% des voix, au terme d’une élection présidentielle que plusieurs médias internationaux, comme le quotidien espagnol El Pais, ont été empêchés de couvrir. »
Ogbonna Onovo, Inspecteur général de la police nationale, Nigeria
Il n’est pas président mais son pouvoir est considérable. « Près d’une vingtaine d’exactions contre les journalistes pendant le premier trimestre en 2010 ; 58 en 2009. »
Paul Kagame, président de la République, Rwanda
Probablement le nom qui interpelle le plus dans cette liste. RSF est sur son cas et n’hésite pas à le faire savoir. « Diffamation, immixtion dans la vie privée, offense à la personne du président de la République, ce genre de mobile est utilisé à tour de bras par le ministère de l’information ou le haut conseil des médias, son antenne de régulation fort peu indépendante. »
Milices islamistes armées, Al-Shabaab, Hizb-Al-Islam, Somalie
La Somalie s’est illustrée sur la scène internationale avec ses pirates des mers qui font des ravages. Mais il y a surtout plusieurs insurgés islamistes. « Porteurs d’un islam rigoriste, ils interdisent le cinéma, les jeux vidéo et la musique sur les stations de radio. Parmi eux, Al-Shabaab (« la jeunesse ») émerge comme le groupe le plus important et le plus structuré. Il mène une campagne de terreur et d’assassinats ciblés visant les membres les plus éminents de la société civile, coupables de servir les intérêts des « Croisés », les Occidentaux. »
Mswati III, Roi du Swaziland, Swaziland
C’est l’un des derniers rois puissants de l’Afrique australe. Il s’est fait une réputation avec ses innombrables femmes et son gout du luxe. Pourtant « 40% de la population atteinte du sida, un taux de pauvreté qui augmente en flèche, aucune économie viable, des investisseurs étrangers qui ont jeté l’éponge…La presse publique diffuse uniquement des informations contrôlées et validées par le ministère de l’information. Les journaux indépendants ont d’énormes difficultés à accéder à l’information officielle. L’autocensure est généralisée, la critique inimaginable. »
Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Tunisie
Depuis 1987, il est au commande de la Tunisie. En Tunisie, » Le pouvoir n’hésite pas à monter des affaires pour emprisonner ceux qui le gênent. Le contrôle d’Internet s’est considérablement renforcé. En outre, au cours de leurs déplacements professionnels en Tunisie, les journalistes étrangers sont constamment accompagnés d’un fonctionnaire de l’Agence tunisienne de communication extérieure. »
Robert Mugabe, Président de la République, Zimbabwe
« Suite aux difficultés électorales rencontrées par son gouvernement en 2008, Robert Mugabe a décidé de donner un nouveau tour de vis. Des rédacteurs en chef ont été placés sous surveillance électronique afin de mesurer leur fidélité au parti, et des militants de l’opposition ont été enlevés et jugés, au cours de procès grotesques, pour « complot terroriste visant à renverser le président Robert Mugabe ». Le chef de l’Etat, pourtant salué comme un « libérateur » à sa prise de pouvoir dans les années 1980, assume pleinement les arrestations arbitraires et le harcèlement dont sont victimes la plupart des professionnels de l’information du pays. »