Ma Soeur-Étoile d’Alain Mabanckou

Alain Mabanckou, écrivain talentueux, prolifique auteur a comme tant d’autres, quelques petits souvenirs qui remontent à très loin. Comme par exemple ceux des années 70, à l’époque où il était encore enfant à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville…

C’est l’histoire d’un jeune garçon que le dieu de la richesse matérielle n’a pas forcément gâté. Son père, Roger, travaille « toujours chez les Blancs, à l’hôtel Victory Palace ». Ce jeune garçon de dix ans a appris à lire grâce aux « livres que les Blancs jetaient dans les poubelles de l’hôtel après les avoir lus ».

Ce Petit prince congolais, d’un autre genre, a un petit secret qu’il n’ose révéler à personne, pas même à ses parents. Dans sa minuscule chambre, pendant la saison sèche, il sortait la nuit pour discuter avec quelqu’un de très spécial, sa soeur.

« Je m’asseyais alors au milieu de la cour, et je levais la tête bien au-dessus de moi parce que ma mère me disait que j’avais une grande soeur qui habitait au ciel, au milieu des anges! J’attendais parfois une demi-heure. Soudain, il y avait une étoile, une toute petite étoile qui brillait plus que les autres.»

Fruit de l’imagination d’un enfant ou conscience collective d’une société ou rien ne se perd, mais tout se transforme, le récit de Ma Soeur-Étoile renvoie tout enfant d’Afrique à ses origines. Des odeurs des bancs d’école et des intrigues d’un futur copain qui s’appelle peut-être Nestor, aux souvenirs d’une récréation pleine de joie malgré peu de moyens, en passant par les jalousies familiales ou les histoires de féticheurs du coin tous aussi charlatans les uns que les autres.

Avec cet ouvrage, Alain Mabanckou rend un vibrant hommage à toutes les mères africaines dont la douleur de la perte d’un enfant accompagne tous les jours, l’amour qu’elle porte au(x) autre (s) membre de leur famille. Si la plume et le style de l’écrivain d’origine congolaise ne sont plus à démontrer, le risque que prend l’auteur à partager un bout de son histoire sous une forme différente des autres (BD) témoigne de sa capacité à se dépasser et à toujours se renouveler. Il ne reste qu’à lui souhaiter pleins d’autres albums jeunesse de ce genre.

Mention spéciale également à Judith Gueyfier pour ses illustrations réussies de la société africaine, congolaise particulièrement et qui permet aux lecteurs de ne pas se sentir étranger dans les souvenirs peut-être vagues mais profonds de Mabanckou.

« J’ai écrit cette histoire de mon enfance parce que, même devenu adulte, je suis resté cet enfant qui court après sa Sœur-Etoile. Et c’est peut-être aussi pour cela que je suis devenu un écrivain. »
Alain Mabanckou

Ma Soeur-Étoile, Alain Mabanckou, Judith Gueyfier, Ed Seuil : à lire avec votre enfant, ou tout seul, pour (re)découvrir ou se remémorer la jeunesse d’autres enfants.

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