Luanda, l’usine à Musique plonge dans l’univers des jeunes DJ de la capitale angolaise, mais surtout de DJ Buda, grâce à qui les beats accompagnent les rimes des adolescents luandais. Cette co-production portugo-angolaise est présentée dans le cadre du Festival des Films du Monde dans la catégorie Documentaires du monde.
Les réalisateurs Kiluanje Liberdade (Angolais) et Inês Gonçalves (Portugaise) rencontrent DJ Buda, un jeune d’une vingtaine d’années, qui possède un local aménagé comme un studio d’enregistrement avec un ordinateur, un logiciel de traitement de son et un micro.
Son local est en permanence envahi par des enfants d’à peine 12 ans prêts à payer pour enregistrer leur voix et leur rimes sur l’ordinateur afin que DJ Buda y ajoute un beat et en fasse une compilation.
Portrait de la jeunesse luandaise
Le genre de musique est le Koudouru (« Ku duro » qui signifie « cul dur » en portugais). On peut l’apparenter d’une manière générale à différents courants de musiques électroniques tels le ghettotech, booty bass, grime, electroclash. Le flow des chanteurs est agressif et criard, les paroles sont crues et parlent de leur vie, de leurs amis et de leurs émotions.
Les jeunes se retrouvent ensuite en groupe, en « gang » et font écouter leur musique en se plaçant dans la rue ou dans un local. Ils forment un cercle et chacun danse à tour de rôle. Leur style de danse s’apparente, lui, à un mixe entre le breakdance, le smurf et la tecktonik en y ajoutant des grimaces et des mimiques à leurs pas de danse, à celui qui fera le plus rire.
Il s’agit d’un genre musical très actuel auprès des jeunes d’aujourd’hui où que ce soit dans le monde. Mais un genre qui a fait fuir près des deux tiers de la salle 14 du Cinéma Quartier Latin, faute de pouvoir supporter son aspect trop « trash ». Un film, donc, pour un public avertis.
Portrait d’une industrie
Au-delà de cet univers musical propre à la jeunesse angolaise, on y découvre – comme le titre du documentaire l’indique – « l’usine à musique » qu’est devenue Luanda. La musique devient pour ces jeunes un véritable business. Écriture, composition, création, enregistrement, organisation de soirées, vente et achat des meilleures compilations.
En fin de reportage, les jeunes expliquent ce que leur apporte la musique : « C’est l’illusion d’un autre monde », « c’est notre motivation ». Après trente ans de guerre civile, « nous sommes l’héritage de la bravoure, dit un des jeunes rappeurs, c’est un divertissement que tout le monde apprécie, c’est une sorte de sagesse. »
Parsemé de quelques entrevues, la caméra s’oublie essentiellement dans l’univers de ces jeunes, offrant ainsi une belle réalisation de cinéma direct.
Extrait de « Luanda, A Fábrica da Música »
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9aPow3ab9mY[/youtube]
Luanda, A Fábrica da Música, (54 min), sera présenté le 3 septembre à 17h au Cinéma Quartier Latin, en portugais sous-titré anglais.