Le 5 septembre prochain, plusieurs jeunes montréalais d’origine africaine et d’ailleurs se retrouveront au Consulat Lounge pour discuter du passé et du futur du continent. Organisé par l’associationJeunesse africaine, jeunesse Active (JA), le projet «Connais tu ton Histoire ?» vise à réhabiliter la richesse de la culture africaine au sein de sa diaspora étudiante. Touki Montréal s’est entretenu avec Mariama Touré, initiatrice et coordinatrice du projet.
Comment est né le projet « Connais-tu ton Histoire? »
Le projet «Connais-tu… » est né de la prise de conscience de mes propres lacunes au sujet de l’Histoire africaine en tant que telle. L’Afrique a toujours été au coeur de mes préoccupations. Je suis une passionnée du continent.
Au fil des mes lectures personnelles, de discussions avec mes contemporains, je me suis rendu compte que nous ne pouvions pas vouloir aider, ni même penser aider si nous ne connaissions pas notre Histoire au-delà de ce qui nous avait été enseigné, à savoir l’esclavage et la colonisation sous toutes ses formes.
Il y a une histoire des noirs qui est autre que celles-là. Et j’ai voulu l’apprendre tout en aidant à la vulgariser auprès de ma génération, auprès de jeunes, qui d’instinct, ne vont pas forcément vers les livres. Il s’agissait d’«emmener l’Histoire à eux ».
Est-ce qu’avec cette dernière édition, l’objectif du projet est atteint? Sinon pourquoi une dernière?
En fait, ce n’est pas réellement la dernière édition du projet, mais uniquement celle de son étape montréalaise pour cette année. Nous avons conçu le projet de manière à ce qu’il soit une plateforme tournante. L’objectif est de déplacer le projet vers d’autres villes; atteindre la jeunesse d’un peu partout. Sensibilier d’une manière plus globale.
En ce qui concerne Montréal, nous avons voulu que le projet ne se tienne que durant la saison estivale. C’est pourquoi nous clôturons notre première étape avec cette 3e édition.
Nous avons dans les plans de lancer deux éditions durant cet automne en France, deux éditions entre janvier et mars au Sénégal, pour ensuite revenir en Amérique du Nord. Mais ce sont des choses qui restent à confirmer.
Pour cette dernière, vous avez choisi le thème « Réparer l’Afrique et faire de nos différences une force ». Peux-ton réparer l’Afrique d’aussi loin?
Cette dernière édition montréalaise a pour thème le futur, parce que nous avons suivi une certaine chronologie (1re édition en mai : Humanités classiques africaines, 2e édition en juillet L’espoir est mort assassiné).
Je crois que l’on peut réparer l’Afrique de loin, si on considère que déjà plusieurs de ses maux sont pansés par sa diaspora. Il reste que la réflexion que nous souhaitons faire germer dans l’esprit de la jeunesse africaine à Montréal va avec l’ambition ou tout au moins, l’espoir que cette jeunesse rentre un jour sur le continent.
Mais, l’idée avant tout sera déjà de discuter de manière concrète, de ce que notre génération peut encore faire pour que certains se rendent compte qu’il y a encore de l’espoir, beaucoup d’espoir. Il faut que notre jeunesse réalise, que c’est elle qui constitue cet espoir-là, et donc qu’elle a le devoir de ne pas abandonner son rôle.
Enfin pour ceux qui ont encore des doutes, il s’agira de tracer des chemins, de discuter des actes que nous pouvons poser pour aider l’Afrique : de la création d’entreprises, aux réformes institutionnelles, de l’action sociale à l’action politique. Il nous est possible de réparer l’Afrique.
Certainement pas en un jour, peut-être même en plusieurs siècles, mais il faut bien faire un premier pas, puis un second. C’est en tout cas ma conviction profonde.
Et s’il fallait faire une projection sur les 50 prochaines années?
C’est aussi ma projection des cinquante prochaines années : Prise de conscience, sensibilisation, apprentissage, rassemblement, action. J’ose croire que notre jeunesse va prendre ses responsabilités pour faire avancer les choses à sa façon.
«Connais tu ton Histoire?» aura lieu le dimanche 5 septembre prochain au 2e étage du Consulat Lounge. Au programme conférence, débat et dégustation de mets afro-caribéens.