Découvrez la critique de Salaam la France, le dernier ouvrage de Bernard du Boucheron, Grand prix de l’Académie française avec son premier roman, Court serpent, également publié dans la Collection blanche de Galimard.
Frédéric Le Saulnier, un jeune Francaoui débarque à Alger et retrouve les traces et les vestiges d’un pays qu’il a connu en 1954.
À l’époque, il venait à peine de terminer ses études de médecine et il avait été affecté dans cette autre France d’antan. Là-bas, les gens avaient l’accent d’une région lointaine comme chantait Enrico Macias dans La France de mon enfance.
Dans son livre, Bernard du Boucheron accuse aussi bien les colons que les colonisés. « Sous chaque pierre, il y a un scorpion», avouera l’auteur dans une entrevue sur RTL.
« Docteur Le Saulnier, je vous mets en garde : méfiez-vous de vos patients indigènes, ils feront tout pour vous entortiller. Sachez garder vos distances. Vous appartenez à la nation colonisatrice, et donc à la race supérieure, dont vous serez en tout l’incarnation. Chacun de vos gestes représentera la France. Chacun de vos échecs aussi.»
Le roman raconte donc l’histoire d’un jeune homme plein d’idéal qui murira rapidement au rythme des injustices et des coups pris ici et là. La violence n’est pas encore dans le décor de cette Algérie là, mais déjà, le portrait que dresse l’auteur témoigne d’une veillée d’armes.
À 82 ans, Bernard du Boucheron n’a plus peur de décevoir. Il dit ce qu’il pense et écrit ce qu’il croit. La femme, Algérienne (Malika), Française (Élise) ou étrangère (Annika) tient une place importante et prépondérante dans l’œuvre. En fait, l’Algérie (d’alors) aurait les mêmes caractéristiques que la femme : belle, trouble, bouillante et insatiable.
Ratichonneur comme il aime bien se décrire, Bernard du Boucheron comblera les lecteurs adeptes d’une plume fine et transperçant. Les amoureux de l’Algérie ne seront pas non plus déçus par l’ouvrage.
Bernard du Boucheron : Salaam la France, Gallimard, 2010