Salif Keita revient de la ville de Québec quand il reçoit Touki Montréal dans sa chambre d’hôtel quelques heures avant son concert au Métropolis, le vendredi 15 avril.
Outre le célèbre chanteur malien à la voix d’or, c’est un artiste profondément engagé qui parle avec franchise de sa musique, des difficultés qu’il a pu rencontrer, de la fondation qu’il a créé, de son engagement politique et de son attachement à Montréal.
APRÈS LE SUCCÈS DE LA DIFFÉRENCE EN 2010, ANTHOLOGY EST SORTI LE 4 AVRIL DERNIER. POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE CE DERNIER ALBUM ET DE VOTRE MUSIQUE EN GÉNÉRAL?
Je fais de la musique selon les expériences que j’ai vécues. Parce que je suis un Malien, je mets de la musique malienne et africaine dans mes albums mais mélangés aux autres cultures.
VOUS ÊTES LE PETIT-FILS DE L’EMPEREUR SOUDJATA KEITA, DESCENDANT DU FONDATEUR DE L’EMPIRE DU MALI. COMMENT VOTRE FAMILLE PERÇOIT VOTRE RÉUSSITE?
Aujourd’hui ça va, mais avant ça a été difficile. Pour ma famille, un noble ne doit pas faire de la musique. La musique était réservée aux griots. Mais avec la disparation des traditions et l’installation de la société moderne, les choses changent.
POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE LA FONDATION SALIF KEITA POUR LES ALBINOS?
La Fondation Salif Keita pour les albinos, je l’ai créé pour rendre la vie un peu plus facile aux albinos. C’est l’ignorance qui rend leur vie un peu plus difficile. Les albinos sont victimes des traditions et des sacrifices humains. C’est une minorité très discriminée en Afrique.
Ils ne savent pas comment on devient albinos. Ils ne savent pas que c’est le manque de mélanine. Ils ne savent pas non plus qu’ils doivent se mettre à l’abri du soleil, parce qu’ils contractent vite le cancer de la peau. Certains l’ont dès l’âge de 16 ans. Avec le travail de la fondation, maintenant, ils savent que c’est le soleil qui leur donne le cancer de la peau.
La fondation distribue des crèmes solaires. On leur dit de se rafraichir et on essaie d’intervenir dans leurs classes pour qu’ils soient mieux traités.
VOUS VOUS ÊTES PRÉSENTÉ AUX ÉLECTIONS AU MALI, QUE VOULIEZ-VOUS CHANGER LÀ-BAS?
Il y a trop de corruption. Vous savez, l’Afrique, c’est un jeune continent dont la gestion n’est parfois pas sérieuse. Ils profitent de l’ignorance de la population pour voler.
UN PETIT MOT SUR MONTRÉAL?
Montréal est une ville cosmopolite où on ne sent pas la différence. C’est un endroit où j’ai l’habitude de jouer. Le public montréalais et moi, on se connait très bien. C’est un peu comme se retrouver en famille.