Après la réalisation et la production de plusieurs courts-métrages et documentaires, la réalisatrice danoise Vibeke Muasya revient cette fois-ci avec son premier long métrage : Lost in Africa (traduction du titre danois Kidnappet) diffusé en première canadienne au Festival du Film Black de Montréal à la fin du mois de septembre.
Simon, jeune adolescent danois d’origine kenyane, accompagne sa mère adoptive à Nairobi pour une action humanitaire. Le voyage va rapidement tourner au cauchemar lorsque Simon, admirateur de soccer, perd son ballon. À la recherche de son objet fétiche, il va s’enfoncer et se perdre dans les bidonvilles de la capitale et découvrir ainsi la véritable Afrique, loin du confort de son hôtel et de la protection de sa mère.
La rencontre entre Simon et le quotidien kenyan des enfants du quartier est d’autant plus brutale que le jeune n’était pas très enchanté à l’idée de revenir dans le pays de ses racines. Entre extrême pauvreté, choc culturel alimentaire et violence – il se fait dépouiller de ses biens entre deux ruelles -, Simon se voit obligé d’abandonner ces repères européens pour survivre. Il affronte avec force et courage cet univers à mille lieues du sien et lie une amitié improbable avec Amos, un adolescent criminel désoeuvré, drogué à la colle en éternelle quête de rédemption.
Plusieurs thèmes sont abordés, mais le plus édifiant reste celui de la corruption et de la cupidité déclenchées par la récompense. Les préjugés liés au continent africain et notamment concernant sa pauvreté sont assez ancrés dans les mentalités pour déduire malheureusement que la misère engrange automatiquement la convoitise.
La réalisatrice danoise souhaite aller à contre-courant en véhiculant le message implicite que l’argent, et uniquement celui-ci est le moteur de ce sentiment vénal. Le Kenya au même titre que d’autres pays plus riches comme les États-Unis entretiennent le même rapport de fascination avec l’argent. Ceux qui n’en ont pas en veulent, ce qui en ont trop en veulent tout autant.
Vibeke Muasya ne se limite pas à la simple constatation sociologique de la dure réalité au Kenya et, plus particulièrement chez les jeunes dont les perspectives d’avenir sont très réduites, se limitant parfois à une seule route : celle de la criminalité. Elle véhicule un message positif en mettant en scène des ponts à sans consolider entre Europe et Afrique par l’entremise de l’humanitaire, de la solidarité. Une place particulière est donnée à la préservation à tout prix de la fragile naïveté de l’enfance en mettant en valeur l’action de certains adultes pour occuper les jeunes en leurs donnant une utilité dans la vie urbaine.
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