L’auteur Patrice Nganang publié en février dernier le roman « Mont Plaisant » dans lequel il revient sur un pan connu de l’histoire camerounaise, l’exil à Yaoundé du Sultan Njoya.
Au crépuscule du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, son pays d’origine, Patrice Nganang publie aux Éditions Philippe Rey, Mont Plaisant, qui parle de la vie du sultan du peuple Bamoun, à travers les yeux de Sara.
En 1931, cette jeune fille de 9 ans est offerte par sa famille pour rejoindre l’une des 300 femmes du monarque tout puissant, mis en exil par d’autres puissants, les Français. L’auteur montre notamment comment celui qui était l’allié des Allemands auparavant sera réduit à marcher en fauteuil roulant dans ses quartiers du Mont Plaisant, aujourd’hui Nsimeyong.
Romancier, poète et essayiste, Patrice Nganang est finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie avec son roman « Mont Plaisant ». Il a reçu en 2003, le Grand prix du la littérature d’Afrique noire et le Prix Marguerite Yourcenar en 2002.
Il prend le prétexte d’une jeune universitaire Bertha, rentrée au Cameroun pour faire une recherche approfondie et qui tombe sur une certaine Sara pour revenir sur la vie et surtout l’héritage d’un des plus grands rois camerounais.
« Nous les Camerounais, souffrons d’une constipation historique. Je voulais, et je veux d’ailleurs dire aux Camerounais que notre présent est historique, quelles qu’en soient les apparences, et que notre histoire est devant nous, là où on s’y attend le moins. Elle est là comme possibilité qui nous est ouverte chaque jour, possibilité que nous pouvons toujours saisir », indique l’auteur au quotidien Mutation.
Pour combattre ce qu’il appelle constipation historique, l’auteur dénonce l’impérialisme et le colonialisme, détaille les préjudices, compare aussi les différentes sortes (allemandes, britannique et française) et revient sur ceux qui ont vendu leur frère.
Sara, l’héroïne du roman était en fait la fille de l’opposant Joseph Ngono et le meilleur ami de ce dernier, n’était autre que Charles Atangana, grand chef des Ewondos, marié à Juliana, la sœur de l’autre et compagnon du sultan.
Mais l’auteur s’engage également dans un processus de redorassions du blason de cet empire Bamoun qui n’avait rien à envier aux autres civilisations. Ibrahim Njoya a inventé un alphabet et une langue. On lui doit également « la réalisation de remarquables dessins, l’encouragement des métiers d’art qu’il pratiquait lui même comme sculpteur. Il s’intéressa à la cartographie », peut-on lire sur le site du royaume Bamoun.
« Njoya a inventé une écriture, et tout le monde s’en fiche! Mais on ne peut pas écrire le postcolonialisme tant qu’on n’a pas écrit l’histoire des années 1910, 1920, 1930, tant qu’on n’a pas exploré le langage de nos grands-parents », souligne notamment l’auteur au journal « Jeune Afrique », ajoute Patrice Nganang.
Patrice Nganang, qui vit depuis près de dix ans aux États-Unis, est également l’auteur de « Contre Biya, procès d’un tyran », paru aux éditions Assemblage en juillet 20111. Il s’agit d’un recueil de plusieurs de ses articles publiés entre 2003 et 2011.