À Bujumbura, les objets en aluminium recyclés localement sont appréciés pour leur qualité et rivalisent avec ceux en fer venus de Chine moins solides. Une récupération rentable qui nettoie aussi les rues de ces déchets métalliques.
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Au marché de Buyenzi, un quartier de Bujumbura la capitale burundaise, les objets en aluminium fabriqués localement ont la cote. Ils remplacent de plus en plus ceux en fer, de mauvaise qualité, importés essentiellement de Chine. « Pour vendre des marchandises en fer qui ont l’équivalent en aluminium, il faut que ces derniers soient d’abord écoulés », fait savoir Anthère, vendeur dans ce marché.
Dans cette commune, des points de recyclage de l’aluminium ont été créés ces dernières années qui existent aussi maintenant dans les quartiers Bwiza et Kamenge de la capitale. Les objets récupérés sont fondus pour en fabriquer d’autres. Leur couleur tendant vers le blanc les rend agréables à l’œil, les cuvettes solides et durables ne s’oxydent pas et ne présentent pas de risques de cancer, les marmites ne grillent pas la nourriture selon les restaurateurs qui s’en servent, les fers à repasser exigent peu de braises pour chauffer… Autant de qualités qui expliquent les préférences des clients.
L’aluminium est collecté dans toute la ville de Bujumbra : pièces de véhicules abandonnés, ustensiles jetés au rebut… Une fois fondu dans des cuvettes chauffées à la braise, le métal est versé dans des moules qui leur donnent la forme souhaitée. Elles sont très variées : louches, statues, pièces de motos et de véhicules… Ce métal clair et brillant sert aussi à peindre, par exemple, des chaises, des lits…
Un nouveau métier
Ceux qui fabriquent comme ceux qui vendent ces ustensiles et produits divers vivent bien de ce travail, car leurs marchandises sont recherchées comme le fait savoir un des fabricants rencontré sur son lieu de travail à Buyenzi. Ainsi, Robert, qui a un atelier de recyclage, a déjà construit sa propre maison en ville, avec les revenus de ce métier. Une casserole de 10 l est vendue 30 $. Pour la fabriquer, il faut 6 kg d’aluminium (à 1,2 $ le kilo). Selon Robert, il peut en écouler en moyenne huit par mois auxquelles s’ajoutent de petites lances pour embellir portails et clôtures, statues, peintures, etc. Chaque mois, il parvient ainsi à assurer ses dépenses et à économiser 200 $.
L’ensemble des habitants du quartier bénéficie de ce recyclage. « Maintenant notre quartier est propre », constate un habitant de la 14e avenue de la commune de Buyenzi. Auparavant, seul ce qui était en fer était ramassé et envoyé au Kenya, tous les déchets d’aluminium restaient à traîner dans le quartier.
Seul problème : le manque de solidarité entre ceux qui fondent l’aluminium. Selon Nestor, l’un d’eux, toutes les tentatives de création d’une association ont échoué. Ce qui les empêche de faire connaître ce métier qui met en valeur les savoir-faire locaux.
Les sachets aussi ont plusieurs vies
Au nord du Burundi, ce sont les emballages en plastique qui ont plusieurs vies. Collectés par les cuisiniers, ils sont revendus essentiellement aux vendeuses de braises. Chacun y trouve son petit profit : Jean Marie, un ouvrier du quartier Shikiro à Ngozi, gagne 4 $/mois en vendant les sachets. Diane, une vendeuse de braises au quartier Swahili, dépense 10 $ de moins chaque mois en achetant ses sachets aux ramasseurs à 0,02 $ contre 0,05 $ en magasin.
Autre avantage de ce recyclage, un environnement plus propre : « Je ne vois plus les sachets traîner dans mon quartier comme il y a deux ans », constate le chef de quartier Shikiro. Leur réutilisation a réduit le nombre de ceux qui sont jetés dans les rues ou au milieu des immondices. Tant mieux, car se dégradant très lentement, ces sacs en plastique sont les ennemis jurés de l’environnement.
Par Eric Nshemezimana