Dans une école de Goma, les cours sont dispensés en langage des signes à des sourds-muets ainsi qu’à des élèves entendants. Cette mixité profite aux études des élèves handicapés auditifs et favorise leur intégration dans la société, épaulés par des camarades non atteints de surdité.
Dans la cour de récréation de l’école Ephphata, à Goma, les 104 élèves, dont 51 sourds-muets, communiquent par signes lors de la proclamation des résultats de la première période de l’année scolaire en cours. « Les élèves sourds se font acclamer », se félicite Luanda Batakomera, président du comité des élèves, lui-même malentendant. « Ces derniers temps, ils sont devenus plus compétitifs et plus confiants en eux-mêmes alors qu’il y a peu, durant les épreuves, ils tentaient toujours de jeter un coup d’œil sur la feuille de leurs camarades entendants », explique l’enseignant Gilbert Syahama.
« Au début, le centre de récupération Ephphata était une école réservée uniquement aux sourds. Mais nous avons remarqué que c’était là le premier facteur de marginalisation de ces élèves, qui doivent pouvoir s’intégrer dans la société », rappelle John Gakuru, préfet de cette institution. Appliqué depuis trois ans au sein de l’école, ce système de mixité a apporté beaucoup d’amélioration. « Au cours de cette période, les élèves sourds se sont classés premiers dans toutes les classes, de la 1ère année à la 6e des humanités », précise Charmant Mututa, coordonnateur de cette école, installée dans la ville de Goma, au Nord-Kivu.
Une meilleure intégration
La communication par signes est un progrès pour tous les élèves, souffrant ou non de handicap auditif. Grâce à cet enseignement spécial, les personnes sourdes qui avaient des difficultés pour défendre leur cause dans des institutions judiciaires, peuvent se faire aider par quelqu’un qui, ayant suivi la même formation, leur sert d’interprète.
« Après un long procès, au cours duquel j’avais du mal à me faire comprendre seul, j’ai pu récupérer, avec l’aide de ce camarade, la parcelle que j’avais héritée de mon feu père, longtemps confisquée par certains membres de ma famille », se réjouit une jeune fille en serrant dans ses bras celui qui l’a assistée tout au long du procès au tribunal de grande instance de Goma.
Au départ, l’attente de Jean-Paul, en s’inscrivant aux cours en langage des signes de l’Institut supérieur Alpha, de Goma, qui appartient au même centre, était seulement d’apprendre à mieux communiquer avec ses deux sœurs sourdes. Cette formation lui a apporté beaucoup plus, puisqu’il travaille désormais comme interprète dans une ONG de la place. « Aujourd’hui, je gagne raisonnablement ma vie grâce à ce métier », confie-t-il.
La maîtrise du langage des signes favorise également une meilleure intégration au sein des familles. Papa Batakomerwa, père de six enfants, dont un garçon sourd, en témoigne : « Avant, j’étais trop déçu qu’il soit sourd. Souvent nerveux, il se considérait comme incapable. Grâce à son école qui lui a appris à s’exprimer, il s’est intègré à la société. J’ai confiance en lui, car maintenant il assume certaines responsabilités familiales. »
Soutenir les enseignants
Cependant, enseigner en combinant parole et signe est un exercice pénible pour les instituteurs. « La fatigue tient au manque d’équipements adéquats pour enseigner aux malentendants », se plaint Mowa Nzala, un enseignant. Toutefois, M. Bukondo Hangi, chef de bureau des services généraux au sein de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel du Nord-Kivu (EPSP/N-K) révèle que pour y remédier « l’EPSP/N-K s’est adjoint, début décembre, un département chargé de l’enseignement spécial » et que « bon nombre de projets sont en cours pour faciliter cette tâche ». De son côté, le chef du service d’enseignement spécial de l’EPSP/Goma, M. Kamonyo, atteint de surdité, affirme que « ces projets sont déjà entre les mains des bailleurs de fonds pour soutenir les centres et écoles spécialisés en ce domaine. »
Par Mustapha Mulonda
Bon vent à l’Ecole Ephata
J’encourage l’initiative.
Depuis des années je rêve de vivre en pratique cette passion que j’ai pour le langage des sourds-muets et par là servir mes frères. Je vous encourage à continuer. Je suis sténotypiste de formation, mais parallèlement, faute d’école, je n’ai pu me mettre à la pratique de ce langage spécial pour compléter ma formation et mon aspiration. Et de la Tanzanie où je suis résidente sous le couvert de mon travail de sténotypiste, je n’ai pu avoir une école où je pourrai suivre ne serait-ce que pour un début (théorie à défaut) par correspondance ce noble langage.
Si vous avez un conseil à me donner pour voir mon rêve se réaliser en commençant au moins des cours théorique en attendant la pratique, ou en me donnant une ou des adresses, merci. Je suis plus francophone, mais aussi anglophone niveau 8/10. Merci et longue vit a Ephata.