L’horticulture n’est pas un sot métier. Norman Gatarayiha, un ingénieur horticole de Kigali, gagne plus que nombreux fonctionnaires, en ne cultivant que des fleurs et des plants d’arbres. Sa parcelle fleurie attire toutes sortes de visiteurs.
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« Je suis fier d’avoir décoré la ville de Kigali. Presque tous ces arbres et ces fleurs au long des routes et dans la plupart des jardins des villas de Kigali viennent de ma propre pépinière », se félicite Norman Gatarayiha, de Kimironko, ville de Kigali.
Cet ingénieur horticulteur de 61 ans ne vit que de la culture des fleurs. Il passe souvent de longues journées dans sa parcelle de 4 hectares où poussent quelque 7 000 variétés dont il connait les noms et les besoins d’entretien. « Au moins 100 familles vivent de ces fleurs », indique-t-il. Une centaine d’ouvriers gagnent leur vie grâce à l’entretien des pépinières et la préparation des jardins des particuliers…
Depuis près de 20 ans, Gatarayiha ne fait que germer et multiplier des plants qu’il vend à prix d’or aux organisations publiques ou privées comme aux personnes qui veulent de la verdure dans leurs concessions. Parmi ses grands clients figure la ville de Kigali qui a pour objectif de planter les arbres tout au long des avenues.
Patience et passion
Pour cet horticulteur, tous les arbres peuvent se vendre, raison pour laquelle, sa soif de diversifier ses variétés ne tarit pas. Quand il découvre des fleurs inconnues dans le pays, il en importe de l’étranger des graines ou des boutures pour les multiplier sur place. « L’horticulture demande de la patience, car il y a des espèces qui mettent trois à quatre ans pour bien pousser », explique-t-il. Mais ces efforts ne sont pas vains, car, révèle ce vieil amoureux des fleurs, son revenu « est très supérieur à celui d’un fonctionnaire ». Pendant les saisons des pluies, il peut encaisser jusqu’à un million de Frw (1 650 ).
La maison de Gatarayiha perdue au milieu de buissons fleuris multicolores est très fréquentée. Presque tous les week-ends, les jeunes mariés s’y rendent à tour de rôle pour faire des photos souvenirs. Les chorales et les artistes s’y bousculent pour y enregistrer leurs clips vidéo.
« Ceux qui y viennent pour des manifestations de luxe doivent payer les frais d’entrée », explique le sexagénaire. Mais nombre de curieux visitent son domaine pour voir ses variétés d’arbres rares et d’autres pour acheter des plants. Certains apprécient de pouvoir simplement se reposer parmi les fleurs. « Quand j’ai envie de souffler un peu, je viens dans son jardin admirer toutes ces plantes et sentir la fraicheur », témoigne son voisin de Kimironko.
Former à l’horticulture
Les arbres de Gatarayiha ne sont pas qu’un simple décor. Ils forment aussi un trait d’union entre l’horticulteur et ses clients. « Quand je voyage dans la ville de Kigali, je reconnais un arbre venu dans ma pépinière.
Ce fleuriste de formation fait l’éloge des autorités du pays, qui invitent les citoyens à planter beaucoup de fleurs et d’arbres, mais regrette que très peu de gens s’intéressent à l’horticulture au Rwanda. « Puisque c’est un métier comme tant d’autres, le pays devrait promouvoir la formation en horticulture », suggère-t-il.
Par Venant Nshimyumurwa