Dans le numéro 17 (hiver 2012) du magazine « Vingt et un » (XXI), le bédéiste Frank Meynet, alias Hippolyte (Mr Paul, Le rêve d’Icare, Minik) propose dans un récit graphique un reportage sur le phénomène des 20 000 « shégués » (enfants de la rue) de la capitale congolaise.
Alors qu’il visite Kinshasa pendant le festival de BD d’Appollo, scénariste réunionnais vivant au Congo, Hippolyte constate un phénomène qui a pris une ampleur sans précédent en près d’une décennie : la multiplication exponentielle des « shégués ».
Il retourne alors pour un deuxième séjour à Kin la Belle (capitale de la République démocratique du Congo) pour se consacrer entièrement à ce phénomène, mais également à celui des mouvements des églises de réveil.
« 30 pages de bd reportage pour parler de la situation des enfants des rues à Kinshasa, de l’emprise des églises de réveil, de la déliquescence d’un pays, de Freddy Tsimba, d’espoir, de miracles, de philantropes, de bières et d’une situation bien « compliquée ». »
Hippolyte
Tout au long des 30 pages de son reportage, Hippolyte va rendre compte de la gravité de la situation. Des enfants comme Love, Gloire ou Paulin sont chassés par leur famille parce qu’un pasteur de telle église a jugé qu’ils étaient des sorciers. La plupart se retrouvent dans la rue, notamment au mythique stade, mais en pleine décrépitude de Kinshasa.
Certains de ces enfants se retrouvent dans des centres qui prennent soin d’eux. Pour mieux comprendre, Hippolyte rencontre , entre autres, un éducateur qui s’occupe de ces enfants depuis 12 ans, 24 h/24, 7j/7j. Il s’appelle Bienvenu et il est infirmier éducateur au Centre Pierre Munzihirwa.
Alternant illustration et photo réelle, le bédéiste Hippolyte, qui avait orchestré avec brio L’Afrique de Papa, capte avec beaucoup de respect et de sensibilité cette partie de la misère qui touche la société congolaise. Il dresse également un portrait assez sociologique du phénomène des pasteurs, souvent attirés par le côté « compte bancaire » plutôt que de ministère de la foi. « En tout cas », « c’est compliqué », comme disent certains Kinois.
D’autres sont plus lucides. « L’homme qui vit c’est un homme qui voit sa réalité », dira Freddy Tsimba, sculpteur congolais littéralement assiégé par les fidèles d’un pasteur d’une église de réveil.
Comme c’était le cas avec l’Afrique de Papa, le reportage Les enfants de Kinshasa de Hippolyte devrait être publié dans un format différent chez un éditeur. « Pas de dates de sortie encore prévue », a indiqué l’auteur.