Depuis la reprise des boulangeries, de nombreuses femmes se lancent dans la vente de pain à travers les quartiers de la ville. En circulant toute la journée, elles gagnent tout juste de quoi nourrir leurs familles.
“Mapa ! mapa !” (du pain ! du pain !), c’est avec ces cris que, chaque matin, maman Brigitte, une quadragénaire réveille ses clients étudiants dans les homes du complexe Elungu. A 6 h du matin, elle fait déjà le porte à porte pour vendre son pain.
Attrayante, souriante, elle ne tient pas compte des reproches. “Des fois, les étudiants se fâchent contre moi disant que je dérange leur sommeil mais j’essaye de les calmer et je positive tout. J’habite la commune Tshopo, je commence d’abord par les homes avant de circuler dans les autres avenues”, déclare-t elle.
Comme elle, de nombreuses femmes circulent matin et soir depuis plus de deux ans dans les quartiers pour vendre du pain. Elles remplacent ainsi les boulangeries qui ont disparu à la suite de la crise économique. Tout le monde ne peut pas accéder à une dizaine de boulangeries récemment créées et concentrées au centre ville.
Quelques expatriés sont venus ranimer le secteur longtemps resté entre les mains des boulangeries artisanales. Mais avec la relance des activités économiques dans la ville, ce secteur intéresse actuellement plusieurs opérateurs économiques.
En l’espace de trois ans, une dizaine de boulangeries se sont implantées et produisent en grande quantité. Chaque soir, de nombreux parents les prennent d’assaut. Mais les ventes restent faibles au vu de la pauvreté qui touche les familles. “Chaque jour, nous utilisons cinq sacs de farines de blé de 45 kg”, déclare le gérant de la boulangerie Moderne.
Trop cher, les habitants avaient oublié le pain et se rabattaient sur les maniocs frits communément appelés “molécule”. D’autres familles préféraient désormais manger tôt le matin (la nourriture de la veille appelée “Kipolo” plutôt que de faire du thé.
Des femmes dynamiques
Les femmes prennent à crédit le pain au prix de 150 FC et revendent à 200 fc. D’autres femmes prennent les beignets (ndazi) vendus au même prix très prisés par les gens pendant le repos avec une bouteille de coca.
D’autres boulangeries ravitaillent les alimentations. “Je prends souvent 50 pains chez le fournisseur mais j’écoule difficilement 30”, déclare une vendeuse. La commune Makiso où résident les cadres de l’administration, des sociétés et hommes politiques et d’affaires reste le principal débouché de ces vendeuses. “Dans certaines maisons de mes clients, je dépose le soir et je repasse le matin pour récupérer l’argent”, explique Mariam qui a rejoint les autres femmes depuis cinq mois.
Le seul leitmotiv de ces femmes est de nourrir leurs familles et scolariser les enfants. Souvent, les maris ont un emploi précaire. Mais ce travail qui demande de sillonner ainsi toute la journée et parfois la nuit ne rapporte pas grand-chose. “Je me retrouve de fois avec 2000 fc ou 2500 fc comme marge bénéficiaire. Cela ne représente rien par rapport aux tours que nous faisons tous les jours”, se désole Brigitte.
Par Christian Uzilo