Le roman Paris en temps de paix de Gilles Martin-Chauffier (Grasset) se lit aisément et tout lecteur restera sans doute collé aux pages pendant l’essentiel de l’ouvrage. L’histoire est celle d’un de ces coins parisiens où il n’est jamais clair si la police de la république sert les intérêts de tous les citoyens.
Le narrateur, le commissaire de police Hervé Kergénéan, doit démêler une histoire qui à première vue ressemble à une affaire d’antisémitisme simple dans un de ces quartiers populaires de l’Hexagone.
Jadis des havres de relative mixité entre gens de partout, les cités sont devenues le recoin de petits et grands voyous, le socle d’un communautarisme qui déplaît, surtout lorsqu’il est question d’islam, ou pire de friction entre musulman et juif.
Dans cet univers, se retrouvent presque en même temps, une enseignante d’école, qui fricote avec le commissaire, un adjoint politique, sorte de musulman de service, qui joue sur cette ligne sensible pour se faire un capital politique et une administration publique toujours lente à réagir, mais prompte à tout régler lorsque l’opinion publique s’en mêle.
« Si vous croyez tous les bons flics gauchistes, alcooliques, dépressifs et divorcés, cessez de lire des polars français. »
L’auteur, responsable du Cahier Culture de Paris Match et un des rédacteurs en chef de l’hebdomadaire, brosse ainsi une autre France, loin de la sempiternelle Black Blanc Beurre des années 2000. Dans cette France, où les étrangers le restent aux yeux des autres, mais surtout à les leurs, le rôle de l’éducation nationale, des collectivités et bien évidement de la justice ou de la police sont fondamentales pour garantir un semblant d’équilibre républicain.
Et Gilles Martin-Chauffier l’a bien compris.
Certains lecteurs regretteront toutefois que le scénario n’aille pas aussi loin qu’ils l’auraient voulu. Et pourtant, une fois le décor planté, cet ouvrage au parfum de polar et de policier aurait pu se tailler une place de choix dans les sommets des livres à lire et peut-être à enseigner.
Gilles Martin-Chauffier a obtenu le Prix Interallié pour Les Corrompus (1998) et le Prix Renaudot des Lycéens pour Silence, On Ment (2003), tous les deux publiés également chez Grasset. Il a également publié deux essais chez la maison d’édition Rocher : Le Roman de Constantinople, en2005 (Prix Renaudot de l’Essai) et Le Roman de la Bretagne (2008).