RDC : sport-études pour de bons footballeurs bons élèves

Grâce aux centres de sport-études, des jeunes deviennent des footballeurs professionnels tout en poursuivant leurs études, même des enfants de la rue. Les parents sont aujourd’hui séduits par cette formation très complète qui donne de bons résultats sportifs et scolaires.

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Le football, une école de la vie

« Je suis venu accompagner mon enfant, qui je l’espère deviendra un grand footballeur  » confie Jules Bahati, qui vient régulièrement soutenir son fils lors des séances d’entrainement de l’école de foot Amitié de Goma. Dans ce centre de formation, comme dans d’autres du Nord Kivu, les footballeurs en herbe bénéficient d’un encadrement technique et sportif, sans oublier un soutien social qui leur assure un avenir, quel que soit la suite de leur carrière.

« Parallèlement à ma formation au centre de football de Nyiragongo, j’ai bénéficié d’un accompagnement scolaire qui m’a permis de suivre des études jusqu’à l’obtention de ma licence en médecine. Aujourd’hui, je suis médecin à l’hôpital provincial du nord Kivu », témoigne Luliba Mwelwa qui reconnaît que c’est grâce au centre de formation qu’il a pu convaincre ses parents.

Discipline et fair-play

Selon l’analyse de certains techniciens sportifs, les jeunes qui sortent des centres de formation, développent une qualité de jeu très professionnelle et adhèrent plus que d’autres aux valeurs sportives comme le fair-play et l’humilité, dans la victoire comme dans la défaite. « Mon équipe est composée de jeunes joueurs de talent, issus des centres d’encadrement Brésil et Nyiragongo. C’est grâce à eux que cette saison, nous sommes leaders de la phase aller de la coupe du Congo dans la zone de Kisangani », se réjouit Thodet Mbweki, entraîneur de l’association sportive Dauphins noirs.

Mpeko Boyele, l’instructeur provincial des arbitres, insiste pour sa part sur l’esprit sportif de ces jeunes footballeurs qui font preuve d’une très grande discipline sur le terrain, lors des rencontres de première division. « L’arbitre est devenu le seul maître du terrain. Aujourd’hui, nous arbitrons les matchs en toute quiétude et nous ne sommes plus l’objet de représailles comme avant », avoue Serge Mongi, arbitre national de la ligue de football du nord Kivu, qui se félicite de l’état d’esprit qui règne désormais sur les terrains de football.

Un état d’esprit qui tranche avec l’ambiance et la violence qui régnaient dans les stades de Goma, il y a une dizaine d’années. « Les joueurs n’avaient pas la notion de fairplay. Certains joueurs n’hésitaient pas à se munir de lames de rasoir pour se défendre en cas de bagarre », se rappelle Mathieux Matshozi, ancien gardien de but de Daring Club Virunga, une grande équipe de la place.

C’est en raison précisément de ces violences dans les stades que beaucoup de parents s’opposaient à la volonté de leurs enfants d’embrasser une carrière footballistique, un métier dévolu, selon eux, aux délinquants.

Les enfants de la rue aussi

Ce fut un défi pour certains éducateurs et entraîneurs de mettre en place des structures afin de permettre à de jeunes écoliers de poursuivre leurs études scolaires tout en se perfectionnant dans la pratique du football. Pour y arriver, ces instructeurs ont dû convaincre les parents d’adhérer et de collaborer à cette entreprise.

En une dizaine d’années, des jeunes formés sont devenus des joueurs talentueux évoluant dans de grandes équipes, tout en poursuivant leurs études à l’université ou en travaillant dans de grandes entreprises.
Pour maintenir cette dynamique et assurer la réussite de cette formation sport-études, le recrutement se fait en priorité parmi les jeunes inscrits régulièrement dans des établissements scolaires de la place.

Mais les éducateurs ne négligent pas non plus les enfants de la rue qui, eux, sont orientés vers des centres de formation professionnelle ou des ateliers de mécanique, de menuiserie ou de maçonnerie. « Notre centre compte une trentaine d’enfants de la rue, que nous encadrons, en collaboration avec des bénévoles qui nous aident pour leur scolarité », révèle Josselin Bushiri, coordinateur du centre Goma Ecole de Foot Goefoot. « De 8h à 11h, nous avons des séances d’entrainement très intenses. Mon temps libre, je le consacre à la fabrication de meubles que je vends pour soutenir ma famille », confie Dieudonné Bugera, qui fut enfant de la rue et qui aujourd’hui, bénéficie d’une formation continue grâce au centre d’encadrement.

La plupart de ces jeunes, âgés de sept à vingt ans, s’en sortent bien à l’école, comme le confirme Issa M, enseignant à l’Institut Azuhuri. « Nos élèves formés dans les centres démontrent de réelles qualités et aptitudes sportives lors des tournois interscolaires. Mais le plus important, c’est qu’ils réussissent aussi leur parcours scolaire », déclare-t-il. Le succès de cette initiative emporte l’adhésion des parents qui sont séduits par les résultats satisfaisants des centres de formation, tout particulièrement sur la discipline et l’engagement des enfants à persévérer et réussir dans leur option sport-études.

Par Mustapha Mulonda

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