Sud-Kivu : la femme ne doit pas mourir en donnant la vie ?

En RDC, quatre femmes meurent chaque heure, en accouchant. Au Sud-Kivu, une maman sur cinq est retenue à la maternité parce qu’elle ne peut pas payer les frais. Et, dans certaines chefferies, il n’y a aucun centre de santé fonctionnel… Plusieurs OSC demandent au gouvernement provincial d’augmenter le budget de la santé et d’instaurer la gratuité de la santé maternelle.

Chaque heure, en RDC, quatre femmes meurent en accouchant?, a déclaré Robert Nyamugaragaza, médecin coordonnateur provincial de la santé de reproduction. C’était lors d’une audience publique organisée en juin dernier par l’Association des femmes juristes congolaises (Afejuco/Sud-Kivu) sur la nécessité d’améliorer les soins maternels et infantiles. Ces décès ont plusieurs causes : hypertension, infections, hémorragies, etc. ?La femme ne doit pas mourir en donnant la vie !?, résume Afejuco.

Pendant un an, entre juin 2011 et juin dernier, cette OSC a demandé au gouvernement provincial d’augmenter ses dépenses sur la santé maternelle et infantile. Malgré ce plaidoyer, le budget de la santé pour 2012 est de 2,19 %, contre 8 % du montant total en 2011… Pourtant, les futures mamans semblent plus que jamais avoir besoin d’aide… En moyenne, une sur cinq est retenue temporairement à la maternité parce qu’elle ne peut pas payer les frais d’accouchement. Et, dans certaines chefferies, il n’y a ni maternités, ni centres de santé fonctionnels.

Une réalité bien différente du « droit à la santé garanti » par de la Constitution (article 47) : ?La loi fixe les principes fondamentaux et les règles d’organisation de la santé publique (…)? Cette clause est renforcée par l’article 204, alinéas 18 et 22 qui accordent aux provinces le droit de ?l’affectation du personnel médical (…), l’application et le contrôle de la législation médicale et pharmaceutique nationale, ainsi que l’organisation des services de la médecine curative (…), l’organisation et la promotion des soins de santé primaires (…), l’organisation de la promotion de santé de base?.

Faciliter l’accès des femmes aux soins

La Société civile demande donc ?que le gouvernement propose à l’Assemblée provinciale un budget conséquent pour la santé, afin de résoudre le problème de paiement du personnel et d’équipement des infrastructures médicales et qu’il subventionne les soins?, résume Georgette Nkunzi, chargé de programme à Afejuco. Et de « voter un édit provincial qui assouplisse les difficultés d’accès aux soins pour les femmes et les enfants?, ajoute Marie Migani, directrice du Centre d’appui à la promotion de la santé (Capsa).

?Le gouvernement doit avoir un œil sur l’exécution de son programme planifié?, insiste le ministre provincial de la santé. En Afrique, une dizaine de pays à faible revenu national ont expérimenté la gratuité des soins maternels. Tous les citoyens doivent y adhérer aux mutuelles de santé, et chacun va se faire soigner où il veut, car les plus aisés payent pour les plus pauvres.

Plusieurs OSC proposent au gouvernement provincial de planifier cette action dans le temps. ?En limitant la subvention pour cette année aux césariennes ou aux femmes qui accouchent pour la première fois, puis en l’accordant à tout le monde après?, propose le Dr Raissa Chizungu, cardiologue, membre de l’Ordre des médecins, proche de la société civile.

Le ministre provincial de la Santé a promis d’augmenter le budget de son ministère et de proposer des mesures d’application dans un édit pour faciliter l’accès des femmes aux soins.

Programme interbailleurs Médias pour la démocratie et la transparence en RDC.

Par Lydie Fazila

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