La scénariste et productrice Nibal Arakji a présenté à Montréal son long métrage Le temps d’une seconde à l’occasion du Festival des Films du Monde 2012 dans la catégorie Regards sur les cinémas du monde.
Marwan, Nour et India ne se connaissent pas. Ils viennent de trois classes sociales différentes. Ils n’auraient jamais dû se rencontrer, et pourtant ils vont bien se percuter les uns dans les autres sans jamais véritablement le savoir. Il suffira d’une seconde, une toute petite seconde pour que leurs destins et ceux de leurs familles prennent des trajectoires inattendues et à jamais irréversibles.
En écrivant ce scénario, Nibal Arakji a décidé de dépeindre un portrait inédit de Beyrouth. Il n’est pas question de guerre, ni de religion, ni de fêtes incroyables. La jeune cinéaste se penche sur des sujets trop longtemps boudés par les médias.
Parce que le Liban c’est aussi le trafic de drogue, la pédophilie, les différences de classes sociales et bien d’autres encore. Le temps d’une seconde est indéniablement un film engagé. Il est de coutume d’adapter au cinéma des livres, très souvent des meilleures ventes. Mais l’inverse ici semble possible.
L’œuvre de Nibal Arakji va dans la lignée de ces romans qui marquent, changent et font réfléchir les lecteurs tel que Sleepers de Lorenzo Carcaterra pour ne citer que lui.
Autre particularité, mais pas des moindres, la réalisatrice Lara Saba (Beirut, Truth & Versions) offre une dimension tout autre à cette histoire 3 en 1. En déstructurant la linéarité du récit, elle met en haleine le spectateur. Chaque seconde compte.
La silhouette d’un protagoniste apparaît dans une scène. Ce n’est que plus tard que l’on comprendra pourquoi en revenant dans cette même scène, mais avec un angle différent. Bien des aspects du montage rappel les techniques utilisées pour un film policier. Deviner la suite des événements : impossible. Il faudra attendre la fin du récit pour en comprendre l’ensemble.
Le temps d’une seconde (Ossit sawani) de Lara Saba, 2012 – Couleur – 92 min